Le défi d'un historien d'aujourd'hui
Modérateur : Joker
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Le défi d'un historien d'aujourd'hui
Pierre Branda a rédigé un superbe texte afin de défendre l'enseignement de l'Histoire dans les programmes scolaires.
Je vous laisse découvrir ce vibrant plaidoyer :
Je vous laisse découvrir ce vibrant plaidoyer :
« L'usage nous condamne à bien des folies ; la plus grande est celle de s'en faire l'esclave. »
Napoléon Bonaparte ; Maximes et pensées
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Re: Le défi d'un historien d'aujourd'hui
Au cas où le lien serait inaccessible, en voici un copier/coller :
L’histoire est menacée.
Je la pense plus atteinte que jamais.
A l’école, les dévots du politiquement correct font disparaître sans bruit des chapitres entiers de notre épopée nationale.
L’histoire n’est peut être pas un roman mais elle mérite mieux que l’universalisme orienté que la bien-pensance nous impose.
Moins d’histoire c’est moins de liberté quand demain notre passé apparaîtra uniforme et formaté.
Avec d’autres, je m’oppose à ce totalitarisme qui ne dit pas son nom.
L’histoire napoléonienne, objet de mes travaux, est particulièrement attaquée.
Dans les manuels scolaires comme dans les ouvrages traitant d’histoire mondialisée, elle est découpée, sabrée, bref anéantie. Quel gâchis !
Je n’ai que ma plume pour répondre mais je la mets volontiers au service de la résistance qui se lève.
Je ne me résous pas à voir disparaître l’histoire qui autrefois enthousiasma mon enfance et orienta ensuite toute ma vie.
Entre ombres et lumières chemine la vérité historique.
Nous ne devons jamais oublier ce principe sous peine de saper l’un des fondements essentiels de notre civilisation.
L’histoire est menacée.
Je la pense plus atteinte que jamais.
A l’école, les dévots du politiquement correct font disparaître sans bruit des chapitres entiers de notre épopée nationale.
L’histoire n’est peut être pas un roman mais elle mérite mieux que l’universalisme orienté que la bien-pensance nous impose.
Moins d’histoire c’est moins de liberté quand demain notre passé apparaîtra uniforme et formaté.
Avec d’autres, je m’oppose à ce totalitarisme qui ne dit pas son nom.
L’histoire napoléonienne, objet de mes travaux, est particulièrement attaquée.
Dans les manuels scolaires comme dans les ouvrages traitant d’histoire mondialisée, elle est découpée, sabrée, bref anéantie. Quel gâchis !
Je n’ai que ma plume pour répondre mais je la mets volontiers au service de la résistance qui se lève.
Je ne me résous pas à voir disparaître l’histoire qui autrefois enthousiasma mon enfance et orienta ensuite toute ma vie.
Entre ombres et lumières chemine la vérité historique.
Nous ne devons jamais oublier ce principe sous peine de saper l’un des fondements essentiels de notre civilisation.
« L'usage nous condamne à bien des folies ; la plus grande est celle de s'en faire l'esclave. »
Napoléon Bonaparte ; Maximes et pensées
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Re: Le défi d'un historien d'aujourd'hui
Les manuels scolaires ne sont pas les programmes et encore moins ce qui se fait en cours (sauf dans le cas de "mauvais" profs qui considèreraient un manuel comme leur cours...).
L'histoire napoléonienne est au cœur du programme de 4e dans le cadre du thème "La Révolution française et l’Empire : nouvel ordre politique et société révolutionnée en France et en Europe."
Les élèves le revoient ensuite en Seconde dans le chapitre "La Révolution française :l’affirmation d’un nouvel univers politique" qu'on achève généralement avec l'Empire.
Donc Napoléon est étudié.
Le problème est ailleurs, il est dans les programmes surchargés. En Seconde, Napoléon arrive souvent en fin d'année et le chapitre suivant, sur le printemps des peuples de 1848, passe souvent à la trappe alors qu'il est très intéressant.
En réalité il faudrait augmenter le nombre d'heure et/ou alléger les programmes pour prendre le temps d'étudier, de découvrir, d'approfondir. Mais alléger induira de faire des choix, et là forcément il y aura des levées de boucliers car certains thèmes devront être sacrifiés au profit d'autres.
Le Briquet.
L'histoire napoléonienne est au cœur du programme de 4e dans le cadre du thème "La Révolution française et l’Empire : nouvel ordre politique et société révolutionnée en France et en Europe."
Les élèves le revoient ensuite en Seconde dans le chapitre "La Révolution française :l’affirmation d’un nouvel univers politique" qu'on achève généralement avec l'Empire.
Donc Napoléon est étudié.
Le problème est ailleurs, il est dans les programmes surchargés. En Seconde, Napoléon arrive souvent en fin d'année et le chapitre suivant, sur le printemps des peuples de 1848, passe souvent à la trappe alors qu'il est très intéressant.
En réalité il faudrait augmenter le nombre d'heure et/ou alléger les programmes pour prendre le temps d'étudier, de découvrir, d'approfondir. Mais alléger induira de faire des choix, et là forcément il y aura des levées de boucliers car certains thèmes devront être sacrifiés au profit d'autres.
Le Briquet.
Re: Le défi d'un historien d'aujourd'hui
Merci cher Joker pour cette publicationWilliam Turner a écrit : ↑03 janv. 2018, 21:06Voilà un historien qui n'a pas vraiment le sens de la mesure.![]()

Pierre Branda a diffusé ce texte sur son mur d'un fameux réseau social , que j'ai lu moi aussi aujourd'hui avec intérêt

il est clair que Napoléon (et au passage quelques autres grands personnages de l'Histoire de France, comme Louis XIV ou Jeanne d'Arc) disparait progressivement des manuels scolaires (et par voie de conséquence des programmes) au profit d'une Histoire mondialisée et bien-pensante, promouvant notamment l'étude des grands Empires ou civilisations africaines (on se pince)
Le constat que fait à juste titre Pierre Branda est patent, accablant, il n'est d'ailleurs pas nouveau, d'autres l'ont fait avant lui, comme l'historien et enseignant Dimitri Casali
Re: Le défi d'un historien d'aujourd'hui
Quelle "voie de conséquence" y a-t-il entre la rédaction des manuels (par des entreprises privées) et l'écriture des programmes (par l’État) ?barthelemy a écrit : ↑03 janv. 2018, 23:59il est clair que Napoléon (et au passage quelques autres grands personnages de l'Histoire de France, comme Louis XIV ou Jeanne d'Arc) disparait progressivement des manuels scolaires (et par voie de conséquence des programmes)
J'avoue qu'il n'y en a pas, donc j'aimerai savoir ce que vous avez voulu dire...

Louis XIV est au programme de Cinquième, dans le chapitre "Du Prince de la Renaissance au roi absolu (François Ier, Henri IV, Louis XIV)", son problème est d'être en fin de programme et j'en reviens à ce que j'ai dis dans le précédent message.
Jeanne d'Arc est également au programme de Cinquième, dans le chapitre "L’affirmation de l’État monarchique dans le Royaume des Capétiens et des Valois". On peut également la revoir en Seconde par exemple dans le chapitre "La chrétienté médiévale".
Le Briquet.
Re: Le défi d'un historien d'aujourd'hui
Heureusement !Le Briquet a écrit : ↑03 janv. 2018, 21:19Les manuels scolaires ne sont pas les programmes et encore moins ce qui se fait en cours (sauf dans le cas de "mauvais" profs qui considèreraient un manuel comme leur cours...).
Cela étant, il existe encore de nombreux enseignants (dont certains tuteurs) qui se demandent pourquoi les stagiaires et néo-titulaires n'utilisent pas le manuel...
Re: Le défi d'un historien d'aujourd'hui
Il y a plusieurs façons d'utiliser le ou les manuels. Il y a ceux qui utilisent le manuel ponctuellement, pour une activité ou des documents, et qui apportent le reste. Il y a ceux qui utilisent tous les manuels disponibles comme base documentaire qu'ils réutilisent, avec d'autres sources documentaires bien entendu, dans la construction de cours. Et il y en a forcément quelques uns qui peuvent prendre un manuel et le suivre. Mais bon, clairement, je n'ai connu qu'un exemple du dernier cas. Honnêtement, force est de constater que cette pratique reste (fort heureusement) très marginale. A ce titre l'Histoire / Géographie a plus de mérite que les langues ou les mathématiques, là il est impressionnant de voir à quel point le manuel et le cours ne font souvent qu'un.
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Re: Le défi d'un historien d'aujourd'hui
Le texte de Pierre Branda est malheureusement très juste. Ce désintérêt pour l'histoire touche même nos revues. La Commission paritaire des publications de presse exige, pour donner l'agrément, que nos revues consacrent une part importante de nos revues à l'actualité immédiate. C'est compliqué pour des revues historiques, très compliqué !
Re: Le défi d'un historien d'aujourd'hui
Que l'Histoire soit moins populaire est une chose, que les thèmes des programmes scolaires en soient la cause en est une autre. Si Branda voit les symptômes je pense qu'il pose un mauvais diagnostique.
Je pense aussi que les gens sont (de plus en plus ?) assistés et se reposent beaucoup sur les institutions. Combien d'élèves de Cinquième arrivent sans aucun prérequis ? Incapables de reconnaitre Louis XIV sur le tableau de Rigaud ou de faire le lien entre ce roi et Versailles ? Combien d'élèves seront absents au moment où sera fait ce chapitre car les parents ont décidé que les locations de vacances seraient moins chères quelques semaines avant les vacances scolaires ?
Avec 3h par semaine, pour l'Histoire, la Géographie et l'Enseignement Moral & Civique, on ne peut pas construire une solide culture historique s'il n'y a pas une émulation en dehors de la scolarité. Ce n'est pas pour rien que l'école reproduit en partie les inégalités sociales, l'habitus de Bourdieu joue en plein.
On peut aussi, je pense, noter l'impact de l'évolution des évaluations. Les notations par compétences ont dans certaines matières largement limité la quantité des savoirs à maitriser. Au final, l'Histoire devient le dernier bastion où une certaine masse de connaissances pures est obligatoire pour mettre en œuvre les compétences. Elle en devient, pour beaucoup d'élèves, la discipline la plus "dure".
Mais il ne faut non plus noircir trop le tableau, car il y a toute une mosaïque de situations et des classes pleine d’émulation ou les élèves viennent apprendre avec plaisir pour compléter et structurer des connaissances qu'ils ont acquis par leurs lectures, les reportages qu'ils ont regardé... Ça existe encore bien entendu.
Pour le domaine de l'édition, le manque d’intérêt pour l'Histoire n'est pas je pense le seul élément explicatif. Il faudrait voir également du côté du recul de la pratique de l'écrit, et de la concurrence du numérique.
Je pense aussi que les gens sont (de plus en plus ?) assistés et se reposent beaucoup sur les institutions. Combien d'élèves de Cinquième arrivent sans aucun prérequis ? Incapables de reconnaitre Louis XIV sur le tableau de Rigaud ou de faire le lien entre ce roi et Versailles ? Combien d'élèves seront absents au moment où sera fait ce chapitre car les parents ont décidé que les locations de vacances seraient moins chères quelques semaines avant les vacances scolaires ?
Avec 3h par semaine, pour l'Histoire, la Géographie et l'Enseignement Moral & Civique, on ne peut pas construire une solide culture historique s'il n'y a pas une émulation en dehors de la scolarité. Ce n'est pas pour rien que l'école reproduit en partie les inégalités sociales, l'habitus de Bourdieu joue en plein.
On peut aussi, je pense, noter l'impact de l'évolution des évaluations. Les notations par compétences ont dans certaines matières largement limité la quantité des savoirs à maitriser. Au final, l'Histoire devient le dernier bastion où une certaine masse de connaissances pures est obligatoire pour mettre en œuvre les compétences. Elle en devient, pour beaucoup d'élèves, la discipline la plus "dure".
Mais il ne faut non plus noircir trop le tableau, car il y a toute une mosaïque de situations et des classes pleine d’émulation ou les élèves viennent apprendre avec plaisir pour compléter et structurer des connaissances qu'ils ont acquis par leurs lectures, les reportages qu'ils ont regardé... Ça existe encore bien entendu.
Pour le domaine de l'édition, le manque d’intérêt pour l'Histoire n'est pas je pense le seul élément explicatif. Il faudrait voir également du côté du recul de la pratique de l'écrit, et de la concurrence du numérique.
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Re: Le défi d'un historien d'aujourd'hui
Il faut considérer la réaction de Pierre Branda comme un salutaire "coup de gueule" destiné à ébranler les consciences et cela explique et même justifie selon moi l'absence du sens de la mesure relevé par Turner.
J'ai une excellente opinion de cet auteur et je partage son inquiétude sur ce sujet, raison pour laquelle je me suis permis de relayer sa publication céans.
L'enseignement de l'histoire est essentiel pour se forger un esprit critique et une culture générale digne de ce nom.
Une plante sans racines est condamnée à mourir.
J'ai une excellente opinion de cet auteur et je partage son inquiétude sur ce sujet, raison pour laquelle je me suis permis de relayer sa publication céans.
L'enseignement de l'histoire est essentiel pour se forger un esprit critique et une culture générale digne de ce nom.
Une plante sans racines est condamnée à mourir.
« L'usage nous condamne à bien des folies ; la plus grande est celle de s'en faire l'esclave. »
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