Nous sommes en 1800.
Bloquée en rade de Brest, la flotte française aux ordres de l’amiral Eustache Bruix, attend avec impatience, le soutien de la flotte espagnole commandée par l’amiral Mazarredo et son second, l’amiral Gravina [le futur héros espagnol de Trafalgar].
Mais les intérêts des deux pays ne sont pas communs, et l’Espagne tergiverse.
Bruix est désespéré, mais surtout miné par la tuberculose. Il envisage son remplacement, mais par Honoré Joseph Ganteaume plutôt que Louis René Madeleine de Latouche-Tréville, pourtant le plus ancien des officiers généraux présents à Brest.
Muni d'un certificat médical en bonne et due forme, Bruix part à Paris, le 30 avril, pour rétablir sa santé, ce qui tend à prouver que l’air ambiant à Brest était bien malsain. Malgré tout, il a veillé à conserver le commandement nominal et ordonné que son pavillon de commandement reste hissé au grand mât de son navire l’Océan. C’est finalement Latouche-Tréville qui, au vu de son ancienneté, assumera le commandement sur place, mais par intérim, avec obligation de communiquer avec son chef à Paris. Le principe action-réaction est bien réduit à néant du fait de la lenteur du déplacement de l’information, même par les voies télégraphiques qu’offraient l’époque.
Ce 1er mai 1800, il y a tout juste 220 ans, Latouche-Tréville fait hisser son pavillon de commandement à bord du Terrible et commence par jeu de pavillons flottants à régler le service de la rade. Le chef de division Zacharie Allemand, le plus mauvais caractère de la marine impériale, qui commande le Tyrannicide refuse de reconnaître l’autorité de l’amiral comme commandant de la rade ; il argue du fait que le pavillon de l’amiral Bruix flotte toujours au grand mât du navire-amiral l'Océan. Il se rend à bord du Terrible et s’emporte violemment au cours d’une scène où Latouche-Tréville, dans son courrier dénonciateur, au ministre de la marine [Forfait] souligne qu’il a, lui, gardé sang-froid et modération.
La suite viendra assez rapidement. Le Premier consul, avisé par Forfait, incapable de prendre une décision énergique, comprit que la décision de Bruix, de laisser en son absence flotter son pavillon sur l’Océan posait problème. Et lui, les problèmes, il savait les résoudre. Il donna raison à Latouche-Tréville. Le 11 mai, Forfait autorisait Latouche-Tréville à faire descendre le pavillon de Bruix et à exercer la pleine autorité sur la flotte en rade de Brest. Allemand est démis de son commandement et emprisonné. Il eut le temps de se dire qu’il aurait mieux fallu pour lui, que ce 1er mai, il aille au muguet. Sachez toutefois, que trois mois plus tard, Latouche-Tréville, connaissant la valeur de Zacharie Allemand, lui redonna un commandement ; mais si vous connaissez l’histoire, en aucun cas le caractère de ce marin ne s’améliorera.
Du rififi à Brest un 1er mai.
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