Eh les" pieds Nickelés"

j'ai une nouvelle pour vous
Le professeur Tulard aussi . On s'aperçoit que les pieds Nickelés sont plus nombreux que la moyenne. Il y a même Croquignol qui lui a téléphoné
Jean Tulard de l'Institut, Détective de l'histoire, Entretiens avec Yves Bruley.
Chapitre : De l'obsolescence des livres d'histoire
"L'oubli dans lequel tombe une étude historique peut tenir à ses propres défauts : absence ou insuffisance du travail de recherche, recours à des sources de seconde main, écritures ou thèmes trop liés à la mode, défaut de méthode, erreurs grossières.
Il existe des facteurs plus complexes : hypothèses de travail déjà dépassées au moment de la rédaction, volonté polémique ou idéologique qui conduit à des conclusions partisanes que le temps périme. Une oeuvre trop engagée, donc trop incrustée dans le moment, est moins assurée de durer qu'un ouvrage neutre. Surtout si les événements politiques qui ont suivi ont donné tort à cet engagement? Mentionnons aussi des thèses qui simplifient abusivement les problèmes ou les interprètent sans la moindre nuance.
La mort d'un auteur est souvent fatale à son oeuvre. La position sociale de certains historiens assure à leurs ouvrages une considération qui s'évanouit avec leur disparition. Citer certains noms serait particulièrement cruel. Le livre meurt avec l'extinction de la notoriété d'un écrivain, surtout quand cette notoriété en était le principal soutien.
Condamné aussi, l'ouvrage qui suit la mode : encensé dans l'immédiat, il est rapidement oublié, une mode chassant l'autre. Finit par lasser l'histoire répétitive (la centième biographie d'un personnage connu et qui n'apporte aucun élément nouveau). Condamné, un type d'auteur à la G.Lenôtre, dont on disait : "Il prend du mien, il prend du vôtre et il signe Lenôtre." Enfin l'ouvrage à destination du grand public pourra connaître un temps les forts tirages, mais la chute est ensuite rapide. Trop imbriqué dans l'actualité, un livre passe avec elle."
Chapitre : Défense et illustration du détectivisme historique :
"Le téléphone sonne. Au bout du fil, un homme, un inconnu. Il veut parler à Jean Tulard.
- C'est moi-même, de quoi s'agit-il ?
L'homme explique son absolu certitude que Napoléon est enterré à Westminster et non aux Invalides, qu'enfin le grand historien doit user de son autorité pour demander l'ouverture du tombeau.
- Je ne sais pas si vous avez raison, mais une chose est sûre : en aurais-je le pouvoir, jamais je ne ferai ouvrir le tombeau de Napoléon.
L'importun s'étonne.
- Sachez, Monsieur, qu'il y a un siècle l'historien Gabriel Hanotaux , qui fût ministre, fit ouvrir le tombeau de Richelieu auquel il avait consacré sept volumes. Une fois le tombeau ouvert, le cardinal apparaît comme sur le tableau de Philippe de Champaigne. Hanotaux se penche vers lui, mais après quelques secondes, le visage se décompose irrémédiablement. C'était sûrement à cause de l'irruption de l'air, mais les mauvaises langues ont dit que c'était l'horreur d'avoir vu son historien face à face. A aucun prix je ne voudrais connaître pareille mésaventure.
