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Batailles : Iéna et Auerstaedt par Frédéric Bey
Modérateur : Général Colbert
Un témoin raconte...
Voici un extrait des souvenirs de Bangofsky qui appartenait au 7ème régiment de hussards. Ce récit a été réédité en 2012 aux Editions du Grenadier.
« Le 14 octobre [1806], à la pointe du jour, et par un brouillard très épais, on monte à cheval, passant par Naumburg, sur quatre rangs serrés, le sabre en main, au grand trot. Le canon ronflait déjà près de nous. Nous filâmes bon train par Dornburg, franchîmes la Saale et, grimpant à travers une gorge rapide, nous parvenons à un superbe plateau où l’armée française était en ligne. Ce jour-là fut donnée la fameuse bataille d’Iéna . Toujours en flanqueurs, nous prîmes notre ordre de bataille. La journée fut chaude, acharnée ; mais les Prussiens, malgré leur célèbre tactique, furent culbutés, coupés et mis en déroute.Nos nombreuses charges de cavalerie enfoncèrent et sabrèrent leurs carrés. Vers le soir, il n’y eut plus que des prisonniers et des bagages à ramasser. L’ennemi fuyait en pleine déroute ; jamais je n’ai vu une armée abandonner plus lâchement un champ de bataille. L’action eut deux scènes. L’Empereur battait les Prussiens près d’Iéna, tandis que le maréchal Davout les frottait à Auerstaedt. Les Prussiens donnèrent le nom de cette dernière ville à la bataille, mais comme c’était aux vainqueurs de la baptiser, elle conserva le nom de bataille d’Iéna. Nous bivaquons sur le champ de victoire.
Malgré les batteries d’Erfurt qui nous lâchèrent quelques bordées de canon, nous prenons une quantité d’équipages et de voitures chargées d’argent. C’était plaisir de voir les hussards au pillage, se battant pour le butin. J’ai assisté là à une scène terrible : grâce à ma bonne monture, j’étais toujours des premiers à poursuivre les nombreux fuyards ; un sous-officier prussien, traînant sa femme avec lui, se voyait près de tomber entre nos mains. Incapable de la sauver, il tire son sabre, frappe sa femme, qui tombe roide dans le fossé, et veut gagner à toutes jambes un bois. Plusieurs hussards lancés à sa poursuite le rejoignent et le sabrent. Nous bivaquons dans un bois, près de l’ennemi.
« Le 14 octobre [1806], à la pointe du jour, et par un brouillard très épais, on monte à cheval, passant par Naumburg, sur quatre rangs serrés, le sabre en main, au grand trot. Le canon ronflait déjà près de nous. Nous filâmes bon train par Dornburg, franchîmes la Saale et, grimpant à travers une gorge rapide, nous parvenons à un superbe plateau où l’armée française était en ligne. Ce jour-là fut donnée la fameuse bataille d’Iéna . Toujours en flanqueurs, nous prîmes notre ordre de bataille. La journée fut chaude, acharnée ; mais les Prussiens, malgré leur célèbre tactique, furent culbutés, coupés et mis en déroute.Nos nombreuses charges de cavalerie enfoncèrent et sabrèrent leurs carrés. Vers le soir, il n’y eut plus que des prisonniers et des bagages à ramasser. L’ennemi fuyait en pleine déroute ; jamais je n’ai vu une armée abandonner plus lâchement un champ de bataille. L’action eut deux scènes. L’Empereur battait les Prussiens près d’Iéna, tandis que le maréchal Davout les frottait à Auerstaedt. Les Prussiens donnèrent le nom de cette dernière ville à la bataille, mais comme c’était aux vainqueurs de la baptiser, elle conserva le nom de bataille d’Iéna. Nous bivaquons sur le champ de victoire.
Malgré les batteries d’Erfurt qui nous lâchèrent quelques bordées de canon, nous prenons une quantité d’équipages et de voitures chargées d’argent. C’était plaisir de voir les hussards au pillage, se battant pour le butin. J’ai assisté là à une scène terrible : grâce à ma bonne monture, j’étais toujours des premiers à poursuivre les nombreux fuyards ; un sous-officier prussien, traînant sa femme avec lui, se voyait près de tomber entre nos mains. Incapable de la sauver, il tire son sabre, frappe sa femme, qui tombe roide dans le fossé, et veut gagner à toutes jambes un bois. Plusieurs hussards lancés à sa poursuite le rejoignent et le sabrent. Nous bivaquons dans un bois, près de l’ennemi.
Un autre témoin.
[aligner]"Bernard-Pierre Castex fut un des meilleurs cavaliers de la grande épopée, est né à Pavie, dans l’Armagnac, le 29 juin 1771. Parti en 1792 comme volontaire dans les chasseurs à cheval de son département (Gers), Castex était général de division le 28 octobre 1813. Napoléon le créa baron de l’Empire en 1808 ; Louis XVIII lui accorda le titre de vicomte en 1822, le nomma grand-officier de la Légion d’honneur et grand-croix de Saint-Louis. Le vicomte de Castex est mort à Strasbourg le 19 avril 1842.
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Belmar, le 15 octobre 1806.
Tu dois être surpris de ne pas avoir reçu de mes nouvelles pendant mon séjour à Versailles, je ne le pouvais pas, n’y ayant resté que 6 jours dans des occupations très multipliées ; au surplus je ne t’en aurais pas donné de plus satisfaisantes que celles-ci. Hier (à Iéna), nous avons complètement battu l’armée prussienne ; les débris de cette armée se retirent en désordre, nous la poursuivons sans qu’elle puisse nous échapper. J’ai fait exécuter une charge au 7ème régiment de chasseurs que je commandais comme major depuis trois jours qui m’a parfaitement réussi et qui m’a fait nommer colonel sur le champ de bataille. L’Empereur a demandé à me voir et m’a dit : « Vous êtes un brave, vous êtes colonel. Dites aux chasseurs que je savais qu’ils valaient mieux que les Saxons et les Prussiens. » Cette journée a été pour moi la plus belle de ma vie, mon père et ma mère partageront sans doute la satisfaction qu’elle m’a fait éprouver ; plus tard et quand j’aurai le temps je te donnerai quelques autres détails. Le colonel Marigny (du 20ème chasseurs) avait repris le commandement de son régiment huit jours avant cette bataille où il a été enlevé par un boulet de canon et c’est son régiment que je commande.
CASTEX."
(Source: "Carnet de la Sabretache" n°123, mars 1903)[/aligner]
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Belmar, le 15 octobre 1806.
Tu dois être surpris de ne pas avoir reçu de mes nouvelles pendant mon séjour à Versailles, je ne le pouvais pas, n’y ayant resté que 6 jours dans des occupations très multipliées ; au surplus je ne t’en aurais pas donné de plus satisfaisantes que celles-ci. Hier (à Iéna), nous avons complètement battu l’armée prussienne ; les débris de cette armée se retirent en désordre, nous la poursuivons sans qu’elle puisse nous échapper. J’ai fait exécuter une charge au 7ème régiment de chasseurs que je commandais comme major depuis trois jours qui m’a parfaitement réussi et qui m’a fait nommer colonel sur le champ de bataille. L’Empereur a demandé à me voir et m’a dit : « Vous êtes un brave, vous êtes colonel. Dites aux chasseurs que je savais qu’ils valaient mieux que les Saxons et les Prussiens. » Cette journée a été pour moi la plus belle de ma vie, mon père et ma mère partageront sans doute la satisfaction qu’elle m’a fait éprouver ; plus tard et quand j’aurai le temps je te donnerai quelques autres détails. Le colonel Marigny (du 20ème chasseurs) avait repris le commandement de son régiment huit jours avant cette bataille où il a été enlevé par un boulet de canon et c’est son régiment que je commande.
CASTEX."
(Source: "Carnet de la Sabretache" n°123, mars 1903)[/aligner]
[IÉNA]
« Le 14 octobre [1806], à la pointe du jour, et par un brouillard très épais, on monte à cheval, passant par Naumburg, sur quatre rangs serrés, le sabre en main, au grand trot. Le canon ronflait déjà près de nous. Nous filâmes bon train par Dornburg, franchîmes la Saale et, grimpant à travers une gorge rapide, nous parvenons à un superbe plateau où l’armée française était en ligne. Ce jour-là fut donnée la fameuse bataille d’Iéna . Toujours en flanqueurs, nous prîmes notre ordre de bataille. La journée fut chaude, acharnée ; mais les Prussiens, malgré leur célèbre tactique, furent culbutés, coupés et mis en déroute. Nos nombreuses charges de cavalerie enfoncèrent et sabrèrent leurs carrés. Vers le soir, il n’y eut plus que des prisonniers et des bagages à ramasser. L’ennemi fuyait en pleine déroute ; jamais je n’ai vu une armée abandonner plus lâchement un champ de bataille. L’action eut deux scènes. L’Empereur battait les Prussiens près d’Iéna, tandis que le maréchal Davout les frottait à Auerstaedt. Les Prussiens donnèrent le nom de cette dernière ville à la bataille, mais comme c’était aux vainqueurs de la baptiser, elle conserva le nom de bataille d’Iéna. Nous bivaquons sur le champ de victoire.
Malgré les batteries d’Erfurt qui nous lâchèrent quelques bordées de canon, nous prenons une quantité d’équipages et de voitures chargées d’argent. C’était plaisir de voir les hussards au pillage, se battant pour le butin. J’ai assisté là à une scène terrible : grâce à ma bonne monture, j’étais toujours des premiers à poursuivre les nombreux fuyards ; un sous-officier prussien, traînant sa femme avec lui, se voyait près de tomber entre nos mains. Incapable de la sauver, il tire son sabre, frappe sa femme, qui tombe roide dans le fossé, et veut gagner à toutes jambes un bois. Plusieurs hussards lancés à sa poursuite le rejoignent et le sabrent. Nous bivaquons dans un bois, près de l’ennemi. »
Georges BANGOFSKY, « Mes campagnes, 1797-1815 ». Editions du Grenadier, 2012. Bangofsky appartenait au 7ème régiment de hussards.
Malgré les batteries d’Erfurt qui nous lâchèrent quelques bordées de canon, nous prenons une quantité d’équipages et de voitures chargées d’argent. C’était plaisir de voir les hussards au pillage, se battant pour le butin. J’ai assisté là à une scène terrible : grâce à ma bonne monture, j’étais toujours des premiers à poursuivre les nombreux fuyards ; un sous-officier prussien, traînant sa femme avec lui, se voyait près de tomber entre nos mains. Incapable de la sauver, il tire son sabre, frappe sa femme, qui tombe roide dans le fossé, et veut gagner à toutes jambes un bois. Plusieurs hussards lancés à sa poursuite le rejoignent et le sabrent. Nous bivaquons dans un bois, près de l’ennemi. »
Georges BANGOFSKY, « Mes campagnes, 1797-1815 ». Editions du Grenadier, 2012. Bangofsky appartenait au 7ème régiment de hussards.
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- Général de brigade
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- Localisation : MONTROUGE (92)
[IÉNA]
Bonjour.
Merci Peyrusse pour ce récit.
Pour le bicentenaire de Iéna, nous (bus de français en vadrouille) nous levâmes aussi à la pointe du jour, pour parvenir au plateau, afin d'assister aux festivités par un temps humide et très brumeux, surtout en fin de journée de mémoire, entouré (entre autres) d'un Bonaparte et d'un Murat. Notre bivouac, après la bataille, dans un hôtel de Iéna, fut probablement plus doux que celui de nos prédécesseurs, 200 ans plus tôt.
I'll be back !
Merci Peyrusse pour ce récit.
Pour le bicentenaire de Iéna, nous (bus de français en vadrouille) nous levâmes aussi à la pointe du jour, pour parvenir au plateau, afin d'assister aux festivités par un temps humide et très brumeux, surtout en fin de journée de mémoire, entouré (entre autres) d'un Bonaparte et d'un Murat. Notre bivouac, après la bataille, dans un hôtel de Iéna, fut probablement plus doux que celui de nos prédécesseurs, 200 ans plus tôt.
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"Le grand art d'écrire, c'est de supprimer ce qui est inutile" Napoléon Bonaparte-1804
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Batailles : Iéna et Auerstaedt
Alain FILLION "Le tacticien de Napoléon - Mémoires de guerre du baron Comeau" :
masses informes inonder le pays, couvrir toutes les routes. Une vallée fut encombrée dans une nuit et, au jour, des corps bien formés tombaient sur une belle armée bien placée, superbe à voir. Elle était culbutée, enfoncée, dispersée, démoralisée en bien moins de temps qu’il n’en avait fallu pour triompher d’aucune armée autrichienne. Telle fut la bataille d’Iéna (14 octobre 1806) et le même jour Davoust gagnait de même celle d’Auerstädt."
L’Empereur restera près d’un mois en Prusse et signera, le 21 novembre, le décret de Berlin qui instaure le Blocus continental contre l’Angleterre.
L’Empereur restera près d’un mois en Prusse et signera, le 21 novembre, le décret de Berlin qui instaure le Blocus continental contre l’Angleterre.
Aurea mediocritas
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- Colonel
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- Enregistré le : 16 sept. 2017, 17:12
Batailles : Iéna et Auerstaedt
En effet ne pas oublier les prodiges de Davout à Auerstädt, dont si je ne me trompe, Bernadotte "refusa" d'aller aider avec son corps de(20 000 hommes) !
Voici une photo NB d'un tableau trouvé dans un vieux Larousse des années 30 marqué Aquarelle . Min. Guerre
(Cliquez dessus pour l'agrandir)
Intitulé (14 octobre, 10 heure du matin) La division Gudin , du corps de Davout , formée en carrés, repoussent toutes les attaques de le cavalerie prussienne de Brunswick. Au loin , vers Spielberg, la division Friant et la cavalerie de Vialannes entrent en ligne, appuyant à droite la division Gudin .

Voici une photo NB d'un tableau trouvé dans un vieux Larousse des années 30 marqué Aquarelle . Min. Guerre

(Cliquez dessus pour l'agrandir)
Intitulé (14 octobre, 10 heure du matin) La division Gudin , du corps de Davout , formée en carrés, repoussent toutes les attaques de le cavalerie prussienne de Brunswick. Au loin , vers Spielberg, la division Friant et la cavalerie de Vialannes entrent en ligne, appuyant à droite la division Gudin .

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