Napoléon et le confinement

[Cyril Drouet]

Autre hypothèse : ne serait-ce pas une référence (toujours avec Mme Bertrand dans le viseur) aux pantalons rouges de Gourgaud ?

[Bernard]

Que signifie cette histoire de pantalons rouges ?

Dans les camps de prisonniers français en Allemagne, durant la Seconde Guerre mondiale, les récidivistes de l'évasion étaient contraints de porter des pantalons rouges. On comprend pourquoi... On peut aussi évoquer les pantalons rouges (la fameuse couleur garance) des troupes françaises en 1914 qui en firent des cibles faciles lors des premiers combats, notamment dans les Vosges et dans le sud de l'Alsace. Cette couleur, difficile à obtenir et chère (quoique moins chère que la cochenille qui teintait l'uniforme des officiers), était une manière de soutenir l'agriculture. En France bien sûr, mais auparavant en Irlande et au pays de Galles. L'usage en est resté...

[Cyril Drouet]

Mais ça nous éloigne de 1821.

[Bruno Roy-Henry]

Le jeudi 5 avril 1821, par une lettre qui sera postée quatre jours plus tard, le comte de Montholon décrit Napoléon à sa femme : « Tu ne peux te faire une idée de son changement et de sa faiblesse : il est maigre comme en 1800, et je parais gros et gras près de lui. »

C'est entièrement faux ! Jamais Napoléon n'a été maigre comme en 1800 ! Les mesures anglaises sur son corps en font foi ! D'ailleurs, des anatomistes italiens, il y a une dizaine d'années, avaient tenté de calculer son poids à partir de ses pantalons (ou caleçons). Ils étaient partis de plus de 90 kg au commencement de la maladie pour arriver à 72 kg environ la veille de sa mort. Avec ce poids, Napoléon était encore en surcharge pondérale...

[Bruno Roy-Henry]

Mme Bertrand (l'idole) à qui on prêtait des passades avec des officiers anglais (qui ne portaient pas de pantalons rouges, mais l'habit).

Sans vouloir ergoter si l'uniforme britannique était rouge, le pantalon l'était aussi.
Et comme il semble être question de situations équivoques, de relations troubles et de propos "sous la ceinture", la mention du terme pantalon semble appropriée.

Non, cher Joker : le pantalon d'uniforme des Anglais était noir ou blanc, mais n'a jamais été rouge !

[Cyril Drouet]

Le jeudi 5 avril 1821, par une lettre qui sera postée quatre jours plus tard, le comte de Montholon décrit Napoléon à sa femme : « Tu ne peux te faire une idée de son changement et de sa faiblesse : il est maigre comme en 1800, et je parais gros et gras près de lui. »

C'est entièrement faux ! Jamais Napoléon n'a été maigre comme en 1800 !

Montholon force sans doute le trait, mais à la même période, Saint-Denis (Souvenirs) note :
"La figure de l'Empereur n'était plus ce qu'elle avait été quinze à vingt jours auparavant ; elle était très altérée et fort amaigrie. Peu de temps avait suffi pour le changer considérablement. Ce n'était plus le même homme. ses membres aussi avaient perdu de leur rondeur ; ses cuisses étaient diminuées d'un bon tiers, ses mollets fondus, ses mains étaient moins potelées et ses doigts plus effilés."

[Bruno Roy-Henry]

Certainement à la date du 7 avril, puisque Bertrand note que Napoléon parle à Antomarchi de lui faire la barbe. Il n'en reste pas moins que l'empereur était encore gros et gras au moment de sa mort, si l'on en croit les médecins anglais.

[Joker]

Non, cher Joker : le pantalon d'uniforme des Anglais était noir ou blanc, mais n'a jamais été rouge !

Au temps pour moi, mon cher Bruno !
Vous avez parfaitement raison et j'en suis rouge de confusion.

[Joker]

Le samedi 7 avril 1821, Arnott va maintenant jusqu’à déclarer que la maladie de Napoléon est de l’hypocondrie. Lowe souffle alors cyniquement à son Secrétaire Gorrequer le diagnostic. – « C'est une maladie de l'âme, et non du corps, c'est le résultat de sa conduite grossière envers moi et de sa façon de se comporter. Ah! si c'était à refaire, comme il changerait de tactique ! »
Et le secrétaire militaire note que c'est avec « une furieuse satisfaction et un rictus de tyran » que le gouverneur conclut – « Qu'on entre dans sa chambre, qu'on fasse un grand bruit et vous le verrez guéri. »
Le mot féroce se répète, on ne parle plus, dans l'île, que de « pure comédie » et on se confie en riant que « si un bâtiment de 74 venait le prendre pour l'emmener en France,
Bonaparte recouvrerait la santé morale et physique ».

[Joker]

Le lundi 9 avril 1821, Napoléon refuse de recevoir Dr Antommarchi à son chevet. Outré, le médecin galope à Plantation House et demande à rentrer immédiatement en Europe, n'hésitant pas à abandonner un malade qu'il a dû assister deux fois pendant la nuit et dont les forces sont « dans un état de prostration extrême ».
Que s'était-il passé ? Le « dottoraccio » était encore sous le coup de l'algarade du petit jour : Napoléon l'avait attendu à six heures, il s'était présenté à sept. Prétexte anodin mais les heures sont longues pour qui souffre. Bertrand et Marchand avaient assisté à l'empoignade.
- Il passe tout son temps chez Madame Bertrand, criait Napoléon... Eh bien, qu'il passe tout son temps avec ses catins... Mais débarrassez-moi de cet homme qui est bête, ignorant, fat, sans honneur. »
Mais aujourd’hui Antommarchi n’est pas le seul à souffrir de la mauvaise humeur de Napoléon. Même le plus fidèle d’entre tous, le Grand Maréchal Bertrand, les yeux au sol, s'entend dire quatre ou cinq fois que Madame Bertrand est une « catin ».
Et cependant, c’est en ce jour que Napoléon commence la rédaction de son testament.