
Y a-t-il quelqu'un qui sait le nom de l'épouse du général Durosnel ? Ont-ils des enfants ?
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L'incendie de l'ambassade d'Autriche à Paris le 1er juillet 1810 - Mémoires du général Lejeune
« Enfin, arriva la fête préparée par le prince de Schwartzenberg [ambassadeur d'Autriche en France], pour célébrer l'auguste mariage, auquel il avait puissamment contribué. Son hôtel, situé dans la rue du Mont blanc (aujourd'hui rue de la Chaussée-d'Antin), était au milieu d'un fort beau jardin ; dans lequel on avait imité plusieurs des sites où la jeune Impératrice avait passé son enfance. Tous les artistes-danseurs de l'Opéra, dans les costumes autrichiens de ces localités, représentaient des scènes de ses premières années. Cette attention délicate rendit la première partie de la fête délicieuse pour l'Impératrice, qui en fut touchée.
Pour recevoir les douze à quinze cents invités, le prince avait fait construire une grande salle en planches, richement décorée de glaces, de fleurs, de peintures, de draperies, et d'un luminaire immense. Depuis plus d'une heure, le bal était en grande activité, et l'on dansait une écossaise, quoique la chaleur fût étouffante. L'lmpératrice, la reine de Naples, la reine de Westphalie, la princesse Borghèse, la princesse de Schwartzenberg, belle-soeur de l'ambassadeur, ses filles et cent autres dames, étaient très occupées de figurer à cette danse animée, lorsqu'une bougie d'un des lustres près de la porte du jardin vint à couler et mit le feu à la draperie. M. le colonel de Tropbriant s'élança d'un bond pour l'arracher. Ce mouvement brusque de la draperie étendit la flamme, et en moins de trois secondes, dans cette salle peinte à l'alcool pour la faire sécher plus promptement, et fort échauffée par le soleil de juillet, mais bien plus encore par la quantité considérable de bougies, la flamme s'étendit d'un bout à l'autre du plafond avec la rapidité de l'éclair et le bruit d'un roulement de tonnerre. Tous les assistants furent à l'instant même sous une voûte de feu.
Dès que l'Empereur eut jugé l'impossibilité de l'éteindre, il prit avec calme la main de l'Impératrice et la conduisit hors du jardin. Chacun imita son sang-froid, et personne ne jeta un cri; plusieurs danseurs même ne savaient encore à quoi attribuer l'augmentation de lumière et de chaleur, et chacun d'abord se dirigeait, sans courir, vers l'issue du jardin, croyant avoir le temps d' éviter le danger. Cependant, en quelques secondes, la chaleur devint insupportable ; on pressa le pas et l'on marcha sur les robes, ce qui occasionna un encombrement de personnes renversées sur les marches du jardin. Des lambeaux enflammés, tombés en même temps du plafond, brûlaient les épaules et la coiffure des dames; les hommes, même les plus forts, étaient entraînés dans la chute, et leurs vêtements prenaient feu.
Cette réunion de personnes embrasées était affreuse à voir. J'avais pu sortir facilement des premiers, en dirigeant la comtesse Sandizelle et Mme de Mathis, qui n'eurent aucun accident, et je revins à la porte du salon pour arracher des victimes au fléau qui les dévorait. Une des premières que je pus entraîner fut le malheureux prince Kourakin, ambassadeur de Russie, qui était dans un état horrible: une de ses mains dépouillée et ensanglantée s'appuya sur ma poitrine et y laissa toute son empreinte. Sous son corps glisaient plusieurs dames à demi-brûlées ; on les arrachait avec peine, du milieu des flammes, où les épées des hommes accrochaient les vêtements et gênaient la délivrance. De toute part, des cris déchirants de douleur et de désespoir étaient jetés par des mères appelant leurs filles, des maris leurs femmes. Le jardin, éclairé comme en plein jour, fut à l'instant même rempli de personnes se cherchant à grands cris, et fuyant le brasier pour éteindre leurs vêtements. Deux mères, la princesse de Schwartzenberg et la princesse de Layen, poussées par l'héroïsme de la tendresse maternelle, ne trouvant pas leurs filles dans le jardin, se précipitèrent sous les flammes pour les chercher dans le salon embrasé; la voûte s'écroula sur elles, et la princesse de Layen, seule, put en sortir pour mourir une heure après.
La princesse de Schwartzenberg, perdue pour tout le monde dans cet affreux moment, ne fut retrouvée et reconnue qu'à ses diamants dans les cendres de l'incendie ; son corps était si défiguré qu'on ne put la reconnaître qu'à ses parures. Son diadème s'était fondu par la chaleur et sa monture d'argent, en fondant, avait laissé sa trace en creux sur le crâne. Plusieurs dames moururent dans la même nuit, et d'autres longtemps après, dans des souffrances affreuses. Les hommes, un peu mieux garantis par leurs vêtements, eurent un peu moins à souffrir. Le prince Kourakin, l'un des plus maltraités, fut plus de six mois à se rétablir, et Mme la comtesse Durosnel ne s'en releva que plus d'un an après.
Dès que l'Empereur eut remis l'Impératrice dans sa voiture, il revint en toute hâte donner ses soins aux victimes du désastre, et il y resta jusqu'au jour, continuellement occupé à diriger les secours. ...
... Dix personnes étaient mortes des suites de l'incendie, et une centaine d'autres en furent très maltraitées. La désolation fut grande dans Paris lorsqu'on apprit cet événement ; et tous nos vieux officiers, qui avaient été désolés du mariage de l'Empereur avec la fille du plus constant ennemi de la France, ne manquèrent pas de comparer ce triste présage pour l'avenir, à la terrible soirée du mariage de Louis XVI, où trois mille personnes furent écrasées ou blessées sur la place Louis xv. »
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Selon les Mémoires de Constant ....
« Au nombre des personnes qui y échappèrent, après de longues souffrances, se trouvèrent le prince Kourakin et madame Durosnel, femme du général de ce nom.
Le prince Kourakin, toujours remarquable par l'éclat autant que par le goût singulier de sa toilette, s'était paré pour le bal, d'un habit d'étoffe d'or ; ce fut c qui sauva. Les flammèches et les brandons glissèrent sur son habit et sur le décoration dont il était couvert, comme une cuirasse. ...
Le général Durosnel, dont la femme s'était évanouie dans la salle du bal, s'élança au milieu des flammes et reparut aussitôt, ayant dans ses bras son précieux fardeau ; il ports ainsi madame Durosnel jusque dans une maison du boulevard, où il la déposa pour aller chercher une voiture dans laquelle il la fit transporter à son hôtel. Dans le trajet que fit le général, de l'hôtel de l'ambassadeur au boulevard, il vit à la lueur de l'incendie un voleur qui enlevait le peigne de sa femme évanouie dans ses bras. Ce peigne était enrichi de diamants et d'un très-grand prix.
Madame Durosnel avait pour son mari une tendresse égale à celle de son mari our elle. A la suite d'un combat sanglant de la seconde campagne de Pologne, le général Durosnel fut perdu pendant plusieurs jours, et l'on écrivit en France qu'on le croyait mort. La comtesse, désespérée, tomba malade de douleur, et fut sur le point de mourir. Quelque temps après, on apprit que le général, blessé grièvement, mais non mortellement, avait été retrouvé, et que sa guérison serait prompte. Lorsque madame Durosnel reçut cette heureuse nouvelle, sa joie alla jusqu'au délira ; elle fit faire dans la cour de son hôtel, un tas de ses habits de deuil et de ceux de ses gens, y mit le feu, et vit brûler ces lugubres vêtemens avec des transports et des éclats de gaité folle. »
[Trois ans après, quelques journées heureuses ...]
« Enfin cette journée de diners fut couronnée par un souper de près de deux cents couverts, que le général Henri Durosnel, gouverneur de Dresde, donna le soir même à la suite d'un bal magnifique dans l'hôtel de M. de Serra.
A notre retour de Mayence à Dresde, j'avais appris que la maison du général Durosnel était le lieu de rendez-vous de haute société, tant parmi les Saxons que parmi les Française. Pendant l'absence de Sa Majesté, le général, profitant de ses loisirs, donna des fêtes, et entre autres une aux actrices de la Comédie française. Je me rappelle même à ce sujet une anecdote comique que l'on me raconta alors. Sans manquer aux bienséances ni à la politesse, Baptiste cadet, me dit-on, contribua beaucoup à l'agrément de la soirée. Il s'y présenta sous le nom de milord Bristol, diplomate anglais, se rendant au congrès de Prague. Son déguisement était si vrai, son accent si naturel, et son flegme si imperturbable, que plusieurs personnes de la cour se Saxe y furent prises de la meilleure foi du monde. »
Bien amicalement,
- Jonathan