la remonte a écrit : ↑23 nov. 2020, 09:36
il est possible après tout que la perspective d'une évasion facilitée par l'innovation technique ait rendu les Anglais plus durs

Fulton ou tout autre chimère rendant Lowe accro à la surveillance .
Les rumeurs portant sur des projets échafaudés notamment aux États-Unis ou au Brésil étaient connues à Londres et furent transmises à Lowe qui ne pouvait s’y montrer indifférent.
Bernard a écrit : ↑23 nov. 2020, 09:54
Sainte-Hélène est une île pratiquement inaccessible par la mer.
Pratiquement, en effet ; ce qui cependant ouvre quelques fenêtres, pas bien grandes certes, mais suffisantes pour alarmer un esprit inquiet tel que celui de Lowe.
D’ailleurs, il n’y avait pas que Londres pour tracasser le gouverneur au sujet d’éventuels projet d’évasion, les compagnons de l’exil pouvaient aussi y apporter leur contribution.
Ainsi cette note de Goulburn (mi-juillet 1818) : "Au sujet de l'évasion du général Bonaparte, Gourgaud m'a affirmé confidentiellement que, quoique Longwood soit, par sa situation, susceptible d'être bien gardé par des sentinelles, cependant, il est certain qu'il ne serait pas difficile d'échapper, un moment ou l'autre, à la vigilance des sentinelles postées à l'entour de la maison et des terrains ; et enfin qu'une évasion de l'île ne lui apparaissait nullement impossible..."
ou encore ce rapport de Montchenu prêtant ces mots à Gourgaud :
"[Napoléon] en a eu dix fois l'occasion et il l'a encore au moment même où je vous parle [...]
Je le répète, il peut s'évader seul et aller en Amérique quand il le voudra ; je n'en dirai pas plus."
la remonte a écrit : ↑23 nov. 2020, 10:21
Pendant la chouannerie , le chevalier des Touches ( Barbey ) traverse à la rame ce qui sépare les iles anglo-normandes du Cotentin . un coup de main était envisageable de nuit avec une embarcation légère
A la très grande différence que la Bretagne, comme la Normandie, contrairement à Sainte-Hélène, offraient aux royalistes un très grand nombre de lieux de débarquement (rendant en conséquence la surveillance bien plus diffuse), et surtout, en comparaison avec le caillou perdu de l’Atlantique sud, étaient aux portes des îles anglo-normandes et de la Grande-Bretagne.
la remonte a écrit : ↑23 nov. 2020, 10:21
après , est ce que Napoléon aurait voulu se risquer à ce petit jeu de piraterie ? pas sûr
Son attitude à Aix alors qu’on lui proposait l’aventure américaine peut être un indice.
Concernant Sainte-Hélène, on peut se référer à Montholon :
4 août 1816 :
"On offrait à l'Empereur de le transporter en Amérique, lui troisième, au prix d'un million, qui ne serait payable qu'après son débarquement sur la terre d'Amérique. On se contentait de sa parole. Je regrette de ne pouvoir dire les détails d'exécution : ils compromettraient l'existence politique d'êtres auxquels je dois reconnaissance pour le dévouement dont ils ont fait preuve.
L'Empereur m'écouta avec l'apparence d'une profonde méditation ; fit en silence quelques pas dans sa chambre ; puis, se tournant vers Gourgaud et moi, il nous demanda notre opinion, ne discuta pas et se borna à me dire :
- Refusez."
10 juillet 1817 :
"- On m'offre un projet d'évasion, me dit l'Empereur en m'indiquant sur la carte la route et les moyens proposés pour sortir de Longwood, gagner la côte et s'embarquer secrètement ; je pourrais être censé garder la chambre, le gouverneur est accoutumé à ce que je sois plusieurs jours sans sortir. Nous enverrions une de nos dames, ou même toutes les deux, faire visite ce jour-là à Plantation-House, O'Meara irait en ville, et pendant que, dans son salon de Plantation, lady Lowe ferait la belle conversation sur moi, nous quitterions ce maudit pays.
A cette pensée l'Empereur se mit à rire en disant :
- J'ai encore quinze ans de vie, tout cela est bien séduisant ; mais c'est une folie, il faut que je meure ici, que la France vienne m'y chercher. Si Jésus-Christ n'était pas mort sur la croix, il ne serait pas Dieu."