"...tous les habitants de Paris apprirent de grand matin que l'Impératrice était dans les douleurs qui précèdent la délivrance, et dès la pointe du jour, le jardin des Tuileries se trouva rempli d'une foule immense de toutes les conditions. On était averti que vingt et un coups de canon devaient annoncer la naissance d'une fille, et qu'il en serait tiré cent et un pour célébrer celle d'un héritier du trône. Aussitôt que le premier coup de canon se fitentendre, cette multitude, un instant auparavant si bruyante et si tumultueuse, garda le plus profond silence. Il n'était rompu méthodiquement que par ceux qui comptaient le nombre de coups en prononcant à demi-voix, un, deux, trois; mais une fois le vingt-deuxième entendu, un enthousiasme impossible à décrire éclata de toutes parts; les cris de joie, les chapeaux en l'air et les vivats partirent de tous les points du jardin des Tuileries et contribuèrent presque autant que le bruit du canon, à porter cette nouvelle dans les autres quartiers de la capitale. Quant à l'Empereur, placé derrière le rideau d'une des croisées de l'Impératrice, il put jouir en silence, et pour ainsi dire incognito, de l'ivresse qui régnait autour de lui; aussi de grosses larmes vinrent-elles à couler de ses yeux sans que peut-être il les sentit sur ses joues...Ce fut dans cet état qu'il vint de nouveau embrasser son fils. Le soir du même jour, le nouveau-né fut ondoyé dans la chapelle des Tuileries, avec les cérémonies usitées à l'ancienne Cour de France, par le cardinal grand aumônier. Le nouveau-né fut créé ROI DE ROME. Les officiers de la Maison impériale, des pages et des courriers furent expédiés avec des lettres et des messages pour les grands corps de l'Etat, pour les bonnes villes et pour les ambassadeurs et ministres français et étrangers. Les pages, envoyés aux corps municipaux, en reçurent de grandes marques de considérations; le conseil municipal de Paris et celui de Turin votèrent des pensions aux porteurs de l'heureuse nouvelle.
La bonne impératrice Joséphine ne fut pas oubliée. Napoléon lui envoya un page à Navarre.
"Mon amie, j'ai reçu ta lettre; je te remercie. Mon fils est gros et très bien portant. J'espère qu'il viendra à bien. Il a ma poitrine, ma bouche et mes yeux. J'espère qu'il remplira sa destinée. Je suis content d'Eugène; il ne m'a jamais donné aucun chagrin.
NAPOLEON "
Source: "Roi de Rome et Duc de Reichstadt (1811-1832)", par Désiré LACROIX (Paris, Garnier, 1899).
La bonne impératrice Joséphine ne fut pas oubliée. Napoléon lui envoya un page à Navarre.
"Mon amie, j'ai reçu ta lettre; je te remercie. Mon fils est gros et très bien portant. J'espère qu'il viendra à bien. Il a ma poitrine, ma bouche et mes yeux. J'espère qu'il remplira sa destinée. Je suis content d'Eugène; il ne m'a jamais donné aucun chagrin.
NAPOLEON "
Source: "Roi de Rome et Duc de Reichstadt (1811-1832)", par Désiré LACROIX (Paris, Garnier, 1899).
