Je reviens sur cette question à laquelle j'avais répondu rapidement plus haut.
Il s'agit ici, non d'un ibis ni d'une cigogne, comme on peut le lire ici et là dans les descriptions de cette médaille, mais d'une grue ; une grue portant une vigilance.
La grue est en effet associée à la vigilance depuis fort longtemps, et parmi les nombreuses histoires que l'on contait à ce sujet, on disait que la grue, prête à faire face à toute menace, était capable de se tenir sur une patte, tenant dans la seconde une pierre (appelée en héraldique vigilance) assurée de tomber en cas d'endormissement et de provoquer en conséquence le réveil de l'animal et de ses congénères.
On retrouve ainsi la grue et sa vigilance sur de nombreux blasons, comme par exemple (pour rester dans la période qui nous intéresse ici) celui du médecin Edme Joachim Bourdois de La Motte : ou encore celui du général Antoine Louis Decrest de Saint-Germain : Pas étonnant que l'on trouve ici en cette année 1803, associés à un Bonaparte « armé pour la paix », un foudre, une branche d'olivier et une grue empoignant une vigilance.
Dans le même esprit, il y a aussi :
A présent, on peut s'interroger pourquoi certains auraient vu là une cigogne ou ibis.
Pour la cigogne, la silhouette ici grossièrement tracée peut naturellement y faire penser (dans la nature, un œil non averti peut faire la confusion), ... mais pour l'ibis, on peut s'interroger tant les différences sont notoires.
N'y aurait-il pas là (mais c'est juste une hypoyhèse) l'influence malheureuse de l'Histoire naturelle de Buffon. N'y trouve-t-on pas en effet cet ibis blanc : Buffon voyait là (avec l'ibis noir) l'une des deux espèces d'ibis décrites par les Anciens. Il n'en était rien et l'espèce représentée ici était un tantale ibis
(Mycteria ibis), aussi appelé (on y revient finalement...) cigogne à bec jaune :