Le Briquet a écrit : ↑19 juil. 2017, 14:39
Sait-on quelle était la position du Premier Consul quant au sort du corps expéditionnaire ?
Avait-il réellement espoir qu'il se maintienne ?
On peut à ce sujet se référer à la lettre que Bonaparte écrivit à Kléber avant son départ d’Egypte :
« Vous savez apprécier aussi bien que personne, Citoyen Général, combien la possession de l'Egypte est importante à la France. Cet empire turc, qui menace ruine de tous côtés, s'écroule aujourd'hui, et l'évacuation de l'Egypte par la France serait un malheur d'autant plus grand que nous verrions, de nos jours, cette belle province en d'autres mains européennes. »
Malgré tout, le futur ex-général en chef de l’Armée d’Orient savait bien que la situation dans laquelle allait se trouver Kléber était délicate. D’autres options étaient donc envisageables :
« Si, par des événements incalculables, toutes les tentatives étaient infructueuses, et qu'au mois de mai vous n'ayez reçu aucun secours ni nouvelles de France, et si, cette année, malgré toutes les précautions, la peste était en Egypte et vous tuait plus de 1 500 hommes, perte considérable, puisqu'elle serait en sus de celle que les événements de la guerre vous occasionneraient journellement, je pense que, dans ce cas, vous ne devez point vous hasarder à soutenir la campagne prochaine, et que vous êtes autorisé à conclure la paix avec la Porte Ottomane, quand bien même l'évacuation de l'Egypte devrait en être la condition principale. Il faudrait simplement éloigner l'exécution de cette condition, si cela était possible, jusqu'à la paix générale. »
Bonaparte terminait sa lettre par ces mots :
« Je serai d'esprit et de cœur avec vous; vos succès me seront aussi chers que ceux où je me trouverais moi-même, et je regarderai comme mal employés tous les jours de ma vie où je ne ferai pas quelque chose pour l'armée dont je vous laisse le commandement, et pour consolider le magnifique établissement dont les fondements viennent d'être jetés. »
Ainsi, le 4 janvier 1800, le Premier Consul ordonnait à Bruix :
« L'escadre commandée par le vice-amiral Bruix et composée des vaisseaux le Dix-Août, le Jean-Bart, le Tourville, la Constitution, le Cisalpin, le Tyrannicide, le Jemmapes, l'Indomptable et le Formidable, ainsi que les frégates désignées par le ministre de la marine et des colonies, se rendra le plus promptement possible en Egypte.
Arrivée sur les côtes de ce pays, elle ne pourra y séjourner plus de trois jours. Si le temps est favorable, ils seront employés à mettre à terre l'état-major et les troupes de terre embarqués sur l'escadre, ainsi que les secours de tout genre que le Gouvernement
envoie à l'armée d'Orient. »