ITALIE : Mines de mercure d'Idria

[Cyril Drouet]

« La conquête de Trieste et pays circonvoisins avait fait ouvrir les yeux sur la valeur de la mine de mercure d'Idria, dans la Carniole. Collot, fournisseur des vivres viande, qui avait alors toute la confiance du général sous le rapport financier, y fut envoyé, il y trouva pour quatre à cinq millions de vif-argent, prêt à être mis dans le commerce; il lui fut vendu par un marché fictif à raison de vingt-quatre sous la livre, le prix courant étant de trois francs. II en résulta que la caisse de l'armée reçut un million deux cent mille francs, Collot un million en se chargeant des frais. Le reste fut pour Bonaparte, mais il distribua des gratifications considérables à ses officiers. Collot resta à Idria jusqu'à ce que tous les convois se fussent acheminés vers Trieste. II y vint ensuite et me pria d'acquitter les gratifications dont il me donna liste. Je ne me les rappelle pas toutes, mais il y avait 100 000 francs pour Berthier; 50 000 francs pour Bernadotte; autant pour Murat; autant pour Friant; 12 000 francs pour chacun des aides de camp du général en chef; 100 000 francs pour l'ordonnateur en chef Villemanzy. On avait eu besoin de sa complaisance pour ce marché illicite, et il l'avait fait faire par un commissaire des guerres si bête qu'il n'a pas même aperçu la forfaiture; aussi n'a-t-il rien eu. »
(Hamelin, Douze ans de ma vie)[/justify]