J'ai déjà eu l'occasion de dire tout le bien que je pensais de la mise en forme et du respect si rare des usages typographiques tout en notant les lacunes de la correction (pas mal d'erreurs auraient pu être évitées lors d'une relecture plus attentive ; un tout petit exemple de ce que l'on trouve assez souvent, page 21, 7e ligne : "mais ils se borne").
J'ai aussi relevé, comme Cyril, l'absence d'un sommaire ou d'un index qui permette de s'y retrouver parmi les nombreuses entrées, pas toujours intuitives. Si je comprends bien qu'il était difficile d'insérer une biographie en introduction, une entrée consacrée aux dates importantes aurait été bienvenue.
Je n'aime pas les entrées inversées avec un traitement différencié : “Carnot Lazare”, “Madelin Louis”, “Saumur, collège de” mais “Mission à Lyon” (ce dernier article étant d'ailleurs bien trop nuancé, trop complaisant, sans doute à cause des sources insuffisantes car il ne manque pas d'ouvrages fort intéressants sur ces journées de Lyon).
Sur le fond, c'est un ouvrage de poids, avec beaucoup d'informations, hélas pas toujours aussi bien ordonnées que l'auraient sans doute voulu les auteurs. La bibliographie est donnée à la fin de chaque sujet mais elle surprend : trop d'entrées modernes, assez peu de sources premières, des renvois à des rééditions récentes plutôt qu'aux classiques (ainsi le “Madelin” de référence n'est pas pour moi l'édition de 2010) et des sources discutables (renvoyer au site Antikcostume, quels que soient par ailleurs son intérêt et ses qualités, pour l'article sur les décorations a de quoi faire sourire). Ce même article, consacré aux décorations, est d'ailleurs incomplet : on n'y lit pas qu'il fut radié des registres de la Légion d'honneur comme régicide le 2 mars 1816, pas plus qu'on ne relève qu'il fut fait chevalier le 2 octobre 1803, grand officier le 14 juin 1804 et grand aigle le 2 février 1805, informations qui se trouvent pourtant aisément sur la base Léonore et qui se justifieraient amplement dans ce dictionnaire... informations qui s'y trouvent pourtant, sous une autre entrée !
Dans le même registre, l'article sur le titre de duc d'Otrante n'évoque pas les indispensables lettres patentes datées du 14 août 1809 et enregistrées au Sénat le 15 août 1809 sans lesquelles le titre n'aurait pas d'existence ni d'hérédité. Il est succinct sur la constitution du majorat (le raccourci sur l'hérédité du titre est discutable mais l'article consacré au majorat est de meilleure facture) pourtant prévue par le décret du 15 août : “voulons que ce titre et les biens qui y sont attachés, soient transmissibles à sa descendance directe, légitime, naturelle ou adoptive, de mâle en mâle, par ordre de primogéniture ; lesdits biens se trouvant désignés dans l'acte de constitution à faire, de notre autorité, par notre cousin le prince archichancelier de l'empire, en présence du conseil du sceau des titres, dans lequel acte seront énoncées les conditions sous lesquelles jouiront desdits biens notre cher et bien-aimé le sieur Fouché et ceux de ses descendants appelés après lui à les recueillir, ainsi que le titre auquel ils sont attachés…” Il faut rappeler que Fouché était déjà comte d'Empire par lettres patentes du 24 avril 1808. Les mentions diffèrent sur la valeur de ce majorat : 60 000 (page 406) et 100 000 francs de rente (page 310).
Tout ceci pour montrer qu'il y a parfois des incohérences entre divers sujets et que certaines entrées sont complétées par d'autres sans que figurent les renvois qui permettraient d'améliorer la lecture. Je n'ai pas trouvé d'entrée sur le girondin qu'il fut, sur Ferrières-en-Brie, sur les cent-Jours (même si plusieurs aspects sont traités par ailleurs)...
D'où mes premières questions :
• Quelle coordination a-t-elle été réalisée a priori et a posteriori entre les auteurs ? Chacun a-t-il pu voir l'intégralité du travail lors de la dernière relecture ?
• Quelle vision d'ensemble avez-vous sur Fouché ? Une vision nuancée, presqu'amicale (on le ressent parfois) ou, au contraire, un regard froid sur un homme au comportement parfois extrême ?
• Ce travail terminé, avez-vous, vous-même, relevé des manques ? Des compléments que vous lui apporteriez volontiers ?
• Pourquoi ne pas avoir évoqué les mémoires de Fouché (certes controversées même si Louis Madelin les considère comme authentiques) ?
• Quel parti-pris avez vous eu en sélectionnant les sujets traités (il y en aurait eu tant d'autres à envisager) ?
• Est-ce que vous avez été contraint par le nombre de pages ? Et pourquoi cette absence d'index ?