Vidéo traduction suite et fin
Nous sommes ici pour étudier comment les choses se sont passées avec nos experts.
Tout d’abord d’un point de vue historique et ensuite scientifique.
Luigi Mscigli migliorini : « Je retiens que les mémoires de Sainte-Hélène ont été empeignés des divers sentiments éprouvés par ceux qui ont vécu les événements et par rapport à leur transcription au moment des faits. Et même, ils ont été parfois écrits dix, vingt ans après, avec une imprécision inévitable lorsque le temps a passé. C’est la raison pour laquelle nous devons prendre en compte que ces documents, notamment à propos de la conservation du corps et tout ce que nous avons vu, ne tiennent pas compte de comment nous fonctionnons. Nous ne devons jamais penser avoir un encouragement très significatif sur ce type de document. Mais alors, nous pourrions nous interroger sur quels documents fonder nos recherches et avoir des certitudes. C’est pourquoi je recommande la plus grande prudence. »
RG : « Dans cette fameuse note entre le 15 et le 16 octobre 1840, traitant du corps de l’Empereur, après l’ouverture des cercueils, et il y avait une question de savoir s’il manquait un cercueil, et si Napoléon reposait bien dans 6 cercueils, tranquillement. Les deux médecins, français et anglais qui procèdent à l’exhumation, voient le corps de l’Empereur pendant deux minutes, car ils avaient peur qu’il se décompose. On peut donc comprendre qu’on ne peut, en deux minutes, réaliser une véritable analyse d’exhumation du pauvre Empereur. Qu’il soit conservé, et bien tant mieux. Revenons à l’arsenic. Il n’a pas été empoisonné à l’arsenic, mais il a subi l’arsenic, qui, bien dosée, aujourd’hui encore, permet la conservation, notamment des cadavres.»
Cet arsenic que Napoléon avait ingéré, même de façon involontaire aurait permis de conserver son corps, après dix-neuf ans ?
RG : « Voyons les momies égyptiennes, qui, après 5 000 ans sont parfaitement conservées et vis-à-vis desquelles dix-neuf ans est un souffle. »
Sur cette représentation vous pouvez voir la réception du cercueil de Napoléon à Paris par le roi Louis Philippe.
Mais parlons de l’exhumation à Sainte-Hélène.
Toutes les personnes présentes ont été surprises et il leur semble avoir reconnu Napoléon.
Mais il y a quelque chose de trouble.
Chacun rédige un rapport de tout ce qu’il a vu.
Tous les rapports coïncident mais ils ne coïncident pas avec tous ceux rédigés en 1821, au moment de l’inhumation.
Mais revenons au moment de l’exhumation.
Les restes mortels de Napoléon sont ramenés en France sur la Belle Poule.
À bord, durant la traversée, quelqu’un ne put résister à prendre un souvenir.
Edmond de Bovis, officier sur la Belle Poule, prit une mèche de cheveux, aujourd’hui conservée à la bibliothèque municipale de Besançon, une petite ville à quatre cents kilomètres au sud-est de Paris.
Il prit également un morceau de peau du visage de l’Empereur, aujourd’hui conservé aux Invalides, au Musée de l’Armée.
L’examen de ce petit morceau de peau aiderait à comprendre, à solutionner le problème que nous abordons, mais l’autorisation n’a jamais été donnée.
Vous ne croyez pas que quelqu’un ait pu prendre une mèche de cheveux durant le transport des restes de Napoléon à Paris ? Pourquoi ?
RG : « Non, absolument pas. Le professeur peut démentir. Avec toutes les personnes qu’il y avait autour de la reconnaissance du corps, durant les deux minutes, c’est impossible. À bord, enfermé dans 6 cercueils, de plomb… qui pouvait ouvrir ces cercueils ? Durant le trajet de Sainte-Hélène aux Invalides il était gardé, donc personne ne pouvait... »
Il reste les différences constatées, si elles sont vraies ou seulement apparentes.
Si ces cheveux ont été prélevés durant les deux minutes ou après, en forçant les 6 cercueils en toute discrétion.
Mais avant d’étudier ces
Nous devons étudier d’autres particularités.
Ce que vous voyez derrière moi est un masque mortuaire.
Celui-ci est le plus connu des masques mortuaires de Napoléon, celui réalisé par Antonmarchi.
Qu’est-ce qu’un masque mortuaire ? Un calque du visage du cadavre qui reproduisent les traits du visage du défunt.
Il existe de nombreux masques mortuaires de Napoléon.
L’examen de ces masques ont fait naître de nouveaux doutes.
BRH : « Le masque mortuaire de Napoléon ne correspond à aucun tableau le représentant, ni aux mesures que nous avons de Napoléon. Le relevé du périmètre crânien du masque mortuaire réalisé par le docteur Antonmarchi mesure 56,20 cm, alors que selon Constant, valet de chambre de Napoléon de 1800 à 1814, la circonférence crânienne de Napoléon est de 59,40 cm. Nous nous trouvons donc devant quelque chose d’impossible, le crâne de Napoléon n’a pas pu diminuer durant son exil. Par ailleurs, aucun descendant de la famille Bonaparte n’a un tour de tête égal à celui du masque mortuaire. C’est très important car quatre des témoins de d’exhumation de 1840 affirment que l’exhumé a le même visage que ce masque mortuaire. Évidemment ça nous met la puce à l’oreille et nous nous demandons de savoir s’il n’y a pas quelqu’un d’autre à la place de Napoléon. »
Un autre masque mortuaire, avec des traits plus ressemblants aux traits véritables de Napoléon selon certains, se trouve à Londres. Et voilà qu’un nouveau personnage apparaît dans notre enquête. Il s’appelle Georges Retif de la Bretonne. C’est un écrivain qui, en 1969, qui a écrit un ouvrage qui a déclenché un scandale, il s’intitule : « Anglais, rendez-nous Napoléon ! ».
Voix off : « J’ai désiré plusieurs fois la mort sans jamais y parvenir. Pour moi, mourir ces deux prochaines semaines serait un bienfait. La seule chose à retenir est que les Anglais veulent garder mon cadavre et l’ensevelir à Westminster. »
Retif de la Bretonne était convaincu que la substitution du corps de Napoléon était due aux Anglais. Il pensait qu’un ordre donné cinq ans avant sa mort ordonnait que le corps de Napoléon devait être transféré directement en Angleterre. Quelques jours avant la mort un nouvel ordre arriva, stipulant qu’il fallait inhumer finalement Napoléon à Sainte-Hélène.
Pourquoi de telles dispositions ?
Il y a plusieurs hypothèses
BRH : « La question qui vient tout de suite après est de savoir pourquoi les Anglais ont procédé à la substitution. Je vois trois hypothèses. Une est l’hypothèse accidentelle. La tombe aurait été endommagée et les Anglais, pour ne pas donner d’explication quant à la conservation de la tombe, aurait rendu à la France un corps ressemblant. Une hypothèse politique réside dans le fait que les Anglais ne voulaient pas que les descendants de Napoléon s’approprient le cadavre, [on a vu ça plus tard avec le maréchal Pétain], et puis il y a l’hypothèse de Rétif de la Bretonne. Il n’y a pas de preuve, mais il nous faut l’examiner. Il s’agit de l’hypothèse pathologique. Le roi d’Angleterre Georges IV qui était atteint de bizarreries, pour ne pas dire plus, était un excentrique, aurait voulu s’approprier le corps de son ennemi, pour triompher. Nous n’avons pas de preuve pour appuyer une telle hypothèse, mais nous ne pouvons l’exclure. »
Nous sommes toujours ici aux Invalides.
Nous voulons souligner un aspect curieux.
À côté du tombeau de l’Empereur se trouvent également deux tombeaux de deux de ses frères et celui de son fils.
Ils comportent le nom des défunts et dans le cas du fils de Napoléon l’année de sa naissance et de décès.
Dans le cas du sarcophage de Napoléon nous n’avons aucune inscription, pas même le « N » qui marquait son règne. Il n’y a ni nom, ni date de naissance ni de décès sur le mausolée dans lequel reposeraient ses restes.
N’est-ce pas là le signe de pudeur d’une personne qui n’était pas certain de l’identité de la personne ensevelie ?
BRH : « Il est évident dans cette affaire que les pouvoirs publics de l’époque étaient au courant de la supercherie et qu’ils ont préféré partager le secret avec l’Angleterre pour éviter une guerre. Car, lorsque l’expédition a eu lieu, sous le commandement du fils du roi Louis Philippe, le prince de Joinville, au même moment la France risquait d’entrer en guerre avec l’Angleterre à cause de la question égyptienne. Dans ce contexte, il est évident que les Français ne pouvaient revenir de Sainte-Hélène en disant « nous n’avons pas récupérer le corps de Napoléon mais un cadavre substitué » car le peuple aurait voulu la guerre. Ultérieurement, le secret de Louis Philippe fut partagé avec le neveu de Napoléon, Napoléon III, qui avait intérêt à garder l’alliance avec l’Angleterre et qui donc à valider la supercherie. Cependant, Napoléon III n’a pas voulu signer complètement le forfait, car par exemple, quand on entre dans la crypte, nous avons de part et d’autre deux représentations du retour des cendres qui n’ont jamais été exposées durant son règne. Napoléon III a interdit également que soit inscrit le nom de Napoléon sur le sarcophage. »
Est-il possible d’évoquer une hypothèse d’état pour soutenir une substitution ?
LMM : « Les tensions étaient très vives entre les deux états, c’est certain. Les liens s’étaient très distendus depuis les guerres napoléoniennes. Il était important de créer les conditions favorables à une amitié future, et la volonté était si forte qu’elle pouvait se contenter d’un faux cadavre. Sur ce point, Bruno Roy Henri a raison, la raison d’état était si importante. Même s’ils avaient imaginé ne pas ramener le corps de Napoléon, ils auraient procédé quand même au retour des cendres pour le triomphe des grandes démocraties libérales de part et d’autre de la Manche que symbolise la journée du retour à Paris de décembre 1840. »
Quels que soient les raisons d’une éventuelle substitution du corps de Napoléon, ce qui est certain c’est que les différences entre les témoignages de 1821 et 1840, dix-neuf ans plus tard, appellent une explication.
Quittons maintenant Paris pour nous transporter à quatre cents kilomètres.
Edmond de Bovis est officier à bord de la Belle Poule le bateau qui transporte les cendres de Napoléon de Sainte-Hélène à Paris.
Edmond ne résiste pas à prélever un souvenir sur le corps de Napoléon.
Il prélève une mèche qui, de main en main, nous parvienne aujourd’hui, ici à quatre cents kilomètres de Paris.
Nous arrivons au cœur de la recherche que nous nous étions proposée au début de l’émission.
Il y a ici en Besançon un document, un rapport qui a été dressé durant le transport des cendres de Sainte-Hélène à Paris.
Voyons de quoi il s’agit.
Nous y voyons des annotations et même un petit bout de bois.
Il y est écrit qu’il est issu du quatrième des cercueils qui étaient censés avoir reçu les cendres de Napoléon.
Mais ouvrons-le car nous trouvons à l’intérieur une chose bien plus intéressante.
Voilà, ici, une petite mèche de cheveux de 8 cm de diamètre qui a été prélevée sur le corps de celui qui a été transporté aux Invalides.
Mais nous devons nous rappeler que lorsque Napoléon a été autopsié, il avait été complètement rasé, si bien que la barbe et les cheveux avaient été complètement taillés.
Si bien que nous devons reconnaître à ce stade de l’enquête que ni les cheveux, ni la barbe, ne peuvent croître jusqu’à 8 cm après la mort.
Alors, nous savons donc que cette mèche de cheveux appartient à l’homme qui a été transporté dans les cercueils jusqu’aux Invalides et nous avons la chance que Napoléon a offert de ses mèches de cheveux à beaucoup de personnes, ce qui était commun à l’époque et qui considéré comme des cadeaux précieux.
Alors, pourquoi une analyse des cheveux que nous savons provenir de Napoléon avec cette mèche de cheveux qui se trouve être de l’homme qui a été transporté aux Invalides n’a jamais été réalisée ?
BRH : « Aujourd’hui, les meilleures méthodes pour essayer d’éclaircir le mystère de cette histoire, est l’analyse adn. Jean Tulard, lui-même, le grand spécialiste de l’histoire de Napoléon, était d’accord avec moi sur la nécessité de procéder à l’analyse adn de Napoléon afin de savoir si c’était bien lui qui reposait aux Invalides. Cela supposait un prélèvement à l’intérieur du tombeau. Une chose qui était impensable pour l’état français. J’ai cru pouvoir contourner le problème quand j’ai découvert qu’il existait un morceau d’épiderme datant de 1840 aux Invalides. Je me suis donc adressé au ministre de la défense pour qu’une analyse adn puisse être réalisée sur ce morceau d’épiderme. La réponse fut négative. Alors, nous allons essayer avec le professeur Cassiman…, qui s’est illustré dans les analyses du cœur de Louis XVII, et nous essaierons dans les prochaines semaines de déterminer l’adn de Napoléon grâce à quelques mèches de cheveux. Nous pourrons obtenir des comparaisons avec les poils en provenance du masque mortuaire de Noverraz, qui est la copie en cire du masque d’Antonmarchi. Évidemment, si nous prouvons que l’adn de Napoléon ne correspond pas avec celui trouvé sur les poils de masque de Noverraz, il y aura assez de preuves pour dire que l’homme qui repose aux Invalides n’est pas Napoléon. »
Professeur Grilletto, parlons de dix ans passés.
L’examen adn est-il résolu ?
RG : « Oui, à la condition d’avoir quelque chose de Napoléon. Ou les cercueils des Invalides sont ouverts, c’est très complexe… les cheveux, il y en a un peu partout, et on parle de mèches taillées. Mais les cheveux ne peuvent servir s’ils n’ont pas les bulbes. Ils devraient avoir été arrachés de la tête de Napoléon. Alors, nous pourrions réaliser la recherche adn. Nous verrons… »
Nous verrons…
Sans ouvrir le grand sarcophage des Invalides, il suffirait d’utiliser les possibilités offertes par la science pour savoir si l’homme qui repose aux Invalides est bien Napoléon ou non. Certes, si l’examen des cheveux devait aboutir à la conclusion qu’ils appartiennent à deux personnes distinctes, le mystère serait encore plus grand.
Car, si tombe des Invalides est, jusqu’à ce jour, reconnue comme abritant les cendres de Napoléon, la demande d’ouverture serait plus légitime.
Où Napoléon repose-t-il ?
Documents, preuves, hypothèses, examens scientifiques, adn, après tout ceci, nous serions heureux de savoir une chose, ce qu’en penserait l’intéressé …
Napoléon fait toujours encore parler de lui et personne ne sait pour encore combien de temps.
Un autre mystère est celui lié aux causes de sa mort.
Une nouvelle découverte nous conduit à une nouvelle solution.
Ni tumeur, ni empoisonnement, mais une mort, selon le professeur Steven Karch, de San Francisco, due aux traitements administrés à Napoléon.
Il avait autour de lui un grand nombre de médecins et un excès de zèle aurait provoqué ce qui était censé être combattu.
Napoléon serait mort de doses de mercure administrées, cinq fois supérieures à la dose normale, administrée à un quidam.
Voyons cela avec le professeur Karch…
La vidéo s'interrompt ici.