Chère Maria,
Cette photographie est splendide, mais montre le salon de musique de l'impératrice, restitué dans son état "Second Empire"!
Je pensais par exemple à la chambre de l'appartement double de Prince avec ces oppositions violet, marron, vert.
Comme promis, la suite!
Les "pièces noires" désignent les pièces des Tuileries sans fenêtres car placées au coeur du palais, entre les enfilades côté cour et jardin. La plus célèbre est le "corridor noir", qui desservait les logements du personnel dans les combles du pavillon Bullant.
Afin de mieux en comprendre l'articulation, une vue en écorché de cette partie du palais :
de gauche à droite : en haut l'escalier noir, en dessous le passage de l'escalier, puis l'escalier des petits appartements, la garde robe et le passage du cabinet à la chambre.
A droite de l’alcôve, derrière le battant de la double porte, se trouve un passage longuement décrit par le menuisier Fayard. Ce passage est entièrement boisé et peint en « gris impérial ».

Par l’ouverture, on voit le renfoncement où se trouvent les deux battants de la porte de communication avec le Grand Cabinet de l’Empereur. Cette porte servira sous le Second Empire à amener les plats dans cette pièce devenue salle à manger officielle.
A droite en entrant, et à gauche sur la vue ci-dessous, une porte permet à l’empereur d’accéder à l’escalier menant à son petit appartement. Le renfoncement de la porte du Grand Cabinet est à droite de la vue.
Cet escalier débouche dans le Premier salon du petit appartement, ancien appartement de Marie Antoinette, et qui semble peu utilisé par l'empereur. Le sol est en carreaux de pierre, ses marches sont recouvertes de moquette à fleurs et il est éclairé par deux manchons en fer blanc à un bec.
A la suite de ce passage, on trouve « l’escalier noir » qui porte également semble-t-il le nom « d’escalier à la rampe d’acajou ».
Cet escalier est essentiel dans la vie quotidienne du palais. En effet, il dessert tous les niveaux, depuis le rez de chaussée jusqu’aux combles du pavillon Bullant. On y accède par le vestibule situé derrière l’hémicycle du salon de musique de l’impératrice. Il est possible ainsi de gagner à l’entresol les bureaux du cabinet topographique dirigé par Baclet d’Albe, au premier étage le cabinet du gardien du portefeuille et au dessus, la salle des réservoirs et chaudières de la petite salle de bains.
Cet escalier en bois est recouvert de moquette à fleurs et éclairé comme le précédent par des manchons en fer blanc.
L’escalier débouche dans le cabinet du gardien du portefeuille, une petite pièce d’environ 3m de côté pour laquelle j’ai repris quelques éléments par rapport à la précédente présentation de cette pièce.
Comme on l’a vu, l’huissier qui a ce titre (Méneval et Fain qui se succèdent alternativement) a en charge pendant 24h la réception des missives qui sont transmises à l’empereur. Les porteurs de ces missives arrivent par la galerie de Diane et y ont accédé en montant l’escalier du pavillon de Flore qui la précède. Un guichet, c’est-à-dire une fenêtre, permet la transmission de ces missives sans que le porteur n’ait à entrer dans le cabinet. Il est aménagé dans la porte –fenêtre feinte aménagée à l’extrémité nord de la galerie, près du vase égyptien.

La partie inférieure de cette porte fenêtre peut s’ouvrir exceptionnellement. Un rideau de velours noir masque le cabinet à la vue, sans doute lors des réceptions.
Le mobilier permet à l’huissier d’assurer sa fonction

Outre la table de bois noirci (réalisée à partir d’un exemplaire provenant du palais conservé au Mobilier National),on uy trouve un fauteuil de veille peint en gris et couvert en velours vert, une armoire qui abrite un lit (très exactement : un fond sanglé pieds en fer, deux matelas avec toile à carreaux, un traversin, deux couvertures de laine), une petite commode en noyer et un chiffonnier, ce dernier d'après un exemplaire provenant du palais et conservé par le Mobilier National.
La pièce est chauffée par un poêle dont les mémoires du peintre et du menuisier donnent les dimensions.
Dans le prolongement du cabinet du portefeuille, une porte ouvre sur le corridor noir qui longe le second salon et le cabinet de travail de l’empereur et débouche dans le premier salon. Son sol est en carreaux de pierre et il est boisé. Ce couloir est éclairé par des lampes bouillottes (10 d’après l’inventaire de 1813). Deux portes sont aménagées dans la boiserie. La première à droite, à hauteur de la porte d’entrée du cabinet, ouvrait sur un passage transformé en escalier particulier de l’empereur. La seconde, à hauteur du décrochement du mur, ouvre sur le cabinet de chaise.
C’est par cette pièce que nous terminons cette déambulation dans les appartements de l’empereur, comme Louis XVIII aurait pu la faire en 1814.