Histoire d'un paysan, 1789-1815 / par Erckmann-Chatrian, certes un roman mais nous connaissons tous la valeur historique des écrits des auteurs
"il portait à ses cadenettes des brimborions de plomb à la mode des anciens"
"Je me mis donc à marcher près du hussard, un vieux à grosse queue grise, des balles de mousquet pendues à ses cadenettes "
Quand les hussards perdirent leurs queues.
Modérateur : Général Colbert
CHEVEUX & MOUSTACHES : La Mode militaire
celui ci était excellent avec sa perruque même si on ne l'a pas souvent vu .

j'en ai acheté une , en crin de cheval blanc comme les avocats anglais ... ça rend bien surtout avec les pattes noires , ça fait poudré .
les plus belles cadenettes étaient celles du Barde . après faut pouvoir gérer cela avec son employeur .

j'en ai acheté une , en crin de cheval blanc comme les avocats anglais ... ça rend bien surtout avec les pattes noires , ça fait poudré .

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A noter que ces lests en plomb sont fabriqués à partir de balles détournées.La découverte est exposée au musée des hussards de Tarbes.
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- Col Lanciers Gde
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CHEVEUX & MOUSTACHES : La Mode militaire
Les militaires et l'odeur de la poudre
(Division d'un sujet supprimé)
Nous ne serons toutefois pas que des militaires de salon......

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Les militaires et l'odeur de la poudre
Bonaparte a bien commencé "Général de guerre civile"...GENERAL COLBERT a écrit : ↑27 août 2017, 16:24 nous ne serons toutefois pas que des militaires de salon......![]()
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Aurea mediocritas
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CHEVEUX & MOUSTACHES : La Mode militaire
Les militaires et l'odeur de la poudre
Et en préambule (rapporté par O'Meara à Balmain qui ne le note dans son rapport du 10 septembre 1816), il le traitait de "vieux con".
CHEVEUX & MOUSTACHES : La Mode militaire
Les militaires et l'odeur de la poudre
vieux con ?
oh.... shocking !
à Sainte-Hélène, même les anglais se moquaient de lui, avec ses tenues Ancien Régime et sa perruque poudrée !
à croire que le gouvernement de Louis XVIII avait choisi volontairement le pire...
vieux con ?
oh.... shocking !

à Sainte-Hélène, même les anglais se moquaient de lui, avec ses tenues Ancien Régime et sa perruque poudrée !

à croire que le gouvernement de Louis XVIII avait choisi volontairement le pire...

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CHEVEUX & MOUSTACHES : Suppression de la queue de chevelure dans l'armée française au camp de Boulogne en mai 1804
Suppression de la queue de chevelure dans l'armée française au camp de Boulogne en mai 1804
Pourquoi donc a-t-on supprimé cette queue de chevelure si utile ? Le savez vous ? Se distancier de l'ancien régime ?
JR Coignet n’a-t-il pas été sauvé par elle d’un coup de sabre qui l’a coupée en partie mais n’a fait que l’assommer en Italie ?!
Voici une anecdote prise dans les carnet du colonel Bial
Pendant ma maladie, j'avais négligé ma tenue, et mes cheveux étant tellement embrouillés que le coiffeur me conseilla de les couper. Il faut rappeler, en passant, que l'on portait encore les cheveux longs et rattachés en queue par un nœud appelé catogan. Je me décidai donc à les faire couper avant de quitter Calais pour rejoindre mon corps, déjà parti depuis quelques jours. A mon arrivée, je fus rendre visite au colonel qui, dès qu'il m'aperçut, s'arrêta pour m'inspecter des pieds à la tête (à la tête surtout) et manifesta d'abord une grande surprise. Il devint ensuite cramoisi et je crus qu'il allait tomber à la renverse. Il faut dire que le colonel Schreiber était encore tout à fait « ancien régime », et, de plus, suisse d'origine, mais suisse dans toute la force du terme. Bonhomme au demeurant et bon officier de garnison, très à cheval sur les principes.
Donc, après m'avoir examiné, le colonel me dit :
« Comment ! Vous avez fait couper votre queue ! Vous ne deviez pas ! Quel exemple allez-vous donner à vos camarades et subordonnés ! » Et il marchait de long en large, animé d'une colère toujours croissante, répétant sans cesse « Un officier sans queue ! Un officier sans queue ! Ah où en sommes-nous, grand Dieu ! » Cette scène me donnait envie de rire, et comme je me disposais à partir, ne pouvant plus y tenir, il me dit : « J'en suis fâché pour vous, mais je ne puis faire autrement que de vous mettre aux arrêts. C'est trop grave, voyez-vous ! Au surplus, j'en rendrai compte à qui de droit. Je le regrette pour vous, mais c'est trop grave. Comment ! Se faire couper la queue sans permission ! Et, où allons-nous, alors ! »
Comme je l'ai déjà dit, le faisais mes arrêts d'une façon fort agréable, lorsqu'au bout d'une dizaine de jours, le colonel me fit appeler : « Capitaine, me dit-il, voici un papier qui vous concerne, lisez ». Et je lus que le Premier Consul me nommait membre de la Légion d'Honneur, nouvellement instituée, pour prendre rang à compter du 26 prairial, an XII. On pense si cette nouvelle me remplit le coeur de joie et de fierté. Il y avait près de douze ans que j'étais parti de ma province comme simple volontaire. A 19 ans, j'étais lieutenant et, un an plus tard, je remplissais les fonctions de capitaine. J'avais aussi conscience d'avoir fait tout mon devoir. Mais, tant d'autres n'en avaient-ils pas fait autant ? Quoiqu'il en soit, le Premier Consul n'avait pas oublié les promesses faites le lendemain de Marengo. Mon sabre d'honneur se changeait en une belle croix sur ma poitrine. J'avais 30 ans, sans autre ambition que celle de servir mon pays et de contribuer à la grandeur de la France.
« A propos, me dit-il, je lève vos arrêts à l'occasion de votre nouvelle distinction. Mais je ne vous cache pas que je ne puis comprendre qu'elle soit donnée à de simples soldats. C'est le renversement de tous les principes de la hiérarchie ! Où allons-nous ! Où allons-nous ! répétait-il sans cesse ».
A cette satisfaction personnelle vint s'en ajouter une nouvelle, d'un ordre inférieur, mais qui me donna gain de cause d'une façon inespérée. Ne voilà-t-il pas qu'il prend fantaisie au Premier Consul de mettre l'armée à la Titus ? En effet, un ordre du jour vint enjoindre à tous les chefs de corps de faire couper les cheveux à tous : officiers, sous-officiers et soldats. Grande rumeur et grand désappointement pour ceux qui tenaient fortement à leurs queues, mais il fallait obéir. Le Maître n'avait-il pas donné l'exemple ? De plus, on apprit que le Premier Consul allait passer en revue toute l'armée pour s'assurer lui-même de l'exécution de cet ordre.
J'étais peut-être le seul officier de tout le camp de Boulogne qui fut à l'ordonnance. Mon tour était venu de rire et de plaisanter sur les queues et sur ceux qui les portaient encore... je fus voir mon vieux colonel que je trouvai tout atterré par cette mesure. J'ai déjà dit que c'était un vieux beau, très routinier, qui regrettait de ne pouvoir plus se plâtrer avec de la poudre et de la pommade. « Eh bien, mon colonel ! Que dites-vous de cela ? Si vous ne coupez pas votre queue, on va vous mettre aux arrêts à votre tour ? lui dis-je en riant ».
« Allons ! trêve de plaisanteries ! C'est une mesure indigne ! Nous allons être tous dégradés comme des forçats ».
Sa face toute couperosée par l'abus des fards, devenait cramoisie sous l'influence de la colère. Et s'il était furieux que j'eusse fait couper ma queue, il était encore plus furieux d'être obligé de couper la sienne... ! Quoiqu'il en fut, il fallut bien se laisser tondre et tout le monde fut tondu.... sauf quelques entêtés qui obtinrent de conserver leurs queues, tel que les généraux de cavalerie d'Haupoult, Bessières et Legrand, ainsi que le colonel Mouton.
Pourquoi donc a-t-on supprimé cette queue de chevelure si utile ? Le savez vous ? Se distancier de l'ancien régime ?
JR Coignet n’a-t-il pas été sauvé par elle d’un coup de sabre qui l’a coupée en partie mais n’a fait que l’assommer en Italie ?!
Voici une anecdote prise dans les carnet du colonel Bial
Pendant ma maladie, j'avais négligé ma tenue, et mes cheveux étant tellement embrouillés que le coiffeur me conseilla de les couper. Il faut rappeler, en passant, que l'on portait encore les cheveux longs et rattachés en queue par un nœud appelé catogan. Je me décidai donc à les faire couper avant de quitter Calais pour rejoindre mon corps, déjà parti depuis quelques jours. A mon arrivée, je fus rendre visite au colonel qui, dès qu'il m'aperçut, s'arrêta pour m'inspecter des pieds à la tête (à la tête surtout) et manifesta d'abord une grande surprise. Il devint ensuite cramoisi et je crus qu'il allait tomber à la renverse. Il faut dire que le colonel Schreiber était encore tout à fait « ancien régime », et, de plus, suisse d'origine, mais suisse dans toute la force du terme. Bonhomme au demeurant et bon officier de garnison, très à cheval sur les principes.
Donc, après m'avoir examiné, le colonel me dit :
« Comment ! Vous avez fait couper votre queue ! Vous ne deviez pas ! Quel exemple allez-vous donner à vos camarades et subordonnés ! » Et il marchait de long en large, animé d'une colère toujours croissante, répétant sans cesse « Un officier sans queue ! Un officier sans queue ! Ah où en sommes-nous, grand Dieu ! » Cette scène me donnait envie de rire, et comme je me disposais à partir, ne pouvant plus y tenir, il me dit : « J'en suis fâché pour vous, mais je ne puis faire autrement que de vous mettre aux arrêts. C'est trop grave, voyez-vous ! Au surplus, j'en rendrai compte à qui de droit. Je le regrette pour vous, mais c'est trop grave. Comment ! Se faire couper la queue sans permission ! Et, où allons-nous, alors ! »
Comme je l'ai déjà dit, le faisais mes arrêts d'une façon fort agréable, lorsqu'au bout d'une dizaine de jours, le colonel me fit appeler : « Capitaine, me dit-il, voici un papier qui vous concerne, lisez ». Et je lus que le Premier Consul me nommait membre de la Légion d'Honneur, nouvellement instituée, pour prendre rang à compter du 26 prairial, an XII. On pense si cette nouvelle me remplit le coeur de joie et de fierté. Il y avait près de douze ans que j'étais parti de ma province comme simple volontaire. A 19 ans, j'étais lieutenant et, un an plus tard, je remplissais les fonctions de capitaine. J'avais aussi conscience d'avoir fait tout mon devoir. Mais, tant d'autres n'en avaient-ils pas fait autant ? Quoiqu'il en soit, le Premier Consul n'avait pas oublié les promesses faites le lendemain de Marengo. Mon sabre d'honneur se changeait en une belle croix sur ma poitrine. J'avais 30 ans, sans autre ambition que celle de servir mon pays et de contribuer à la grandeur de la France.
« A propos, me dit-il, je lève vos arrêts à l'occasion de votre nouvelle distinction. Mais je ne vous cache pas que je ne puis comprendre qu'elle soit donnée à de simples soldats. C'est le renversement de tous les principes de la hiérarchie ! Où allons-nous ! Où allons-nous ! répétait-il sans cesse ».
A cette satisfaction personnelle vint s'en ajouter une nouvelle, d'un ordre inférieur, mais qui me donna gain de cause d'une façon inespérée. Ne voilà-t-il pas qu'il prend fantaisie au Premier Consul de mettre l'armée à la Titus ? En effet, un ordre du jour vint enjoindre à tous les chefs de corps de faire couper les cheveux à tous : officiers, sous-officiers et soldats. Grande rumeur et grand désappointement pour ceux qui tenaient fortement à leurs queues, mais il fallait obéir. Le Maître n'avait-il pas donné l'exemple ? De plus, on apprit que le Premier Consul allait passer en revue toute l'armée pour s'assurer lui-même de l'exécution de cet ordre.
J'étais peut-être le seul officier de tout le camp de Boulogne qui fut à l'ordonnance. Mon tour était venu de rire et de plaisanter sur les queues et sur ceux qui les portaient encore... je fus voir mon vieux colonel que je trouvai tout atterré par cette mesure. J'ai déjà dit que c'était un vieux beau, très routinier, qui regrettait de ne pouvoir plus se plâtrer avec de la poudre et de la pommade. « Eh bien, mon colonel ! Que dites-vous de cela ? Si vous ne coupez pas votre queue, on va vous mettre aux arrêts à votre tour ? lui dis-je en riant ».
« Allons ! trêve de plaisanteries ! C'est une mesure indigne ! Nous allons être tous dégradés comme des forçats ».
Sa face toute couperosée par l'abus des fards, devenait cramoisie sous l'influence de la colère. Et s'il était furieux que j'eusse fait couper ma queue, il était encore plus furieux d'être obligé de couper la sienne... ! Quoiqu'il en fut, il fallut bien se laisser tondre et tout le monde fut tondu.... sauf quelques entêtés qui obtinrent de conserver leurs queues, tel que les généraux de cavalerie d'Haupoult, Bessières et Legrand, ainsi que le colonel Mouton.
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CHEVEUX & MOUSTACHES : Suppression de la queue de chevelure dans l'armée française au camp de Boulogne en mai 1804
Suppression de la queue de chevelure dans l'armée française au camp de Boulogne en mai 1804
Cordialement
La duchesse d’Abrantès nous donne sa version de ce changement de coiffure :C-J de Beauvau a écrit : ↑28 sept. 2017, 23:42 Pourquoi donc a-t-on supprimé cette queue de chevelure si utile ? Le savez vous ? Se distancier de l'ancien régime ?
« Junot venait de passer une revue. Il pleuvait et ceux des soldats qui avaient de vieux et même de bons chapeaux, portaient, il faut en convenir, non seulement une sotte, mais une incommode coiffure. Junot, après avoir quitté son habit mouillé, se mit dans une bergère, les pieds dans de bonnes pantoufles, et là, pensant à ses enfants (c’est ainsi qu’il appelait les grenadiers), il se mit tout à coup à dire :
- Je ne veux pas de ces chapeaux !… De quelque manière qu’ils soient posés, il y a toujours une corne qui fait gouttière. Je n’en veux pas !
J’avais reçu la veille une caisse de Paris expédiée par Mlle Despaux, et, en vraie femme, je crus que Junot parlait de mes chapeaux et je lui dis tranquillement :
- Comme je trouve qu’ils vont bien, je les porterai. Et puis cela ne te regarde pas, tu n’y entends rien.
Junot, comme tous ceux qui poursuivent une idée qui les occupe fortement, ne crut pas que je pouvais parler d’autres chapeaux que ceux de ses grenadiers et, me regardant, il me dit avec le plus beau sang-froid :
- Je voudrais bien t’y voir, toi, avec le temps qu’il fait aujourd’hui ! Une corne sur le nez et l’autre au milieu du dos.
Je me mis à rire. Nous nous expliquâmes, et Junot rit avec moi. Mais les chapeaux cornus lui revenaient à l’esprit. Il se mit en tête de changer la coiffure de ses enfants, et dès lors il ne pensa plus qu’à faire réussir son projet. Car ce n’était rien moins qu’un plan très vaste, et Junot voulait que toute l’armée subit le changement qu’il avait d’abord l’intention de faire adopter à la division de grenadiers.
Il désirait qu’il n’y eût pour toute la ligne qu’une seule et unique coiffure, le schako et le bonnet de grenadiers ; de même pour la cavalerie, le casque de dragons excepté. Mais ce qui devait offrir des difficultés, c’était de faire abattre toutes les queues de l’armée ; car c’était, puisqu’il faut le dire, pour arriver à une tonte générale, que Junot réformait surtout les chapeaux, mesure à laquelle l’aidait merveilleusement leur inconvénient naturel.
- C’est une chose odieuse, disait-il, de voir, un jour de pluie, un soldat avec son habit couvert d’une pâte blanchâtre et graisseuse, ses cheveux mal contenus dans le sale ruban qui les retient, le front et les joues ruisselants d’une eau laiteuse, et tout cela recouvert d’un mauvais feutre mal retapé qui ne préserve le soldat ni du vent, ni du soleil, ni de la pluie. Et c’est pour ce beau résultat que vous faites au soldat une retenue de dix sous par semaine, qui seraient bien mieux employés à la masse de linge et de chaussure. S’il avait les cheveux coupés, sa santé s’en trouverait mieux, parce que rien n’est plus facile à tenir propre que des cheveux coupés. La chose est donc avantageuse en entier pour lui.
Junot parla de son projet à ses officiers généraux. Tous l’adoptèrent avec transport. Depuis longtemps, à partir du sous-lieutenant jusqu’au général en chef, les officiers de l’armée entière avaient les cheveux coupés, et, pour le dire en passant, le général Lannes et le général Bessières étaient les seuls de tout ce qui entourait le premier consul, qui eussent gardé leur étrange coiffure. Aussitôt que Junot eut l’assentiment de ses officiers, il écrivit à l’empereur pour lui faire part de son projet et demander son autorisation. L’empereur, avec son coup d’œil rapide, aperçut tout le bien que le soldat pouvait retirer de l’exécution d’un pareil plan. Mais il ne voulut pas l’imposer. Junot reçut pour réponse l’ordre d’aller à Paris pour conférer directement avec l’empereur de cette affaire. Junot partit à l’instant. L’empereur lui dit que le projet était bon, qu’il désirait le voir exécuté, mais qu’il ne voulait pas que ses soldats fussent contraints à couper leurs cheveux. »
- Je ne veux pas de ces chapeaux !… De quelque manière qu’ils soient posés, il y a toujours une corne qui fait gouttière. Je n’en veux pas !
J’avais reçu la veille une caisse de Paris expédiée par Mlle Despaux, et, en vraie femme, je crus que Junot parlait de mes chapeaux et je lui dis tranquillement :
- Comme je trouve qu’ils vont bien, je les porterai. Et puis cela ne te regarde pas, tu n’y entends rien.
Junot, comme tous ceux qui poursuivent une idée qui les occupe fortement, ne crut pas que je pouvais parler d’autres chapeaux que ceux de ses grenadiers et, me regardant, il me dit avec le plus beau sang-froid :
- Je voudrais bien t’y voir, toi, avec le temps qu’il fait aujourd’hui ! Une corne sur le nez et l’autre au milieu du dos.
Je me mis à rire. Nous nous expliquâmes, et Junot rit avec moi. Mais les chapeaux cornus lui revenaient à l’esprit. Il se mit en tête de changer la coiffure de ses enfants, et dès lors il ne pensa plus qu’à faire réussir son projet. Car ce n’était rien moins qu’un plan très vaste, et Junot voulait que toute l’armée subit le changement qu’il avait d’abord l’intention de faire adopter à la division de grenadiers.
Il désirait qu’il n’y eût pour toute la ligne qu’une seule et unique coiffure, le schako et le bonnet de grenadiers ; de même pour la cavalerie, le casque de dragons excepté. Mais ce qui devait offrir des difficultés, c’était de faire abattre toutes les queues de l’armée ; car c’était, puisqu’il faut le dire, pour arriver à une tonte générale, que Junot réformait surtout les chapeaux, mesure à laquelle l’aidait merveilleusement leur inconvénient naturel.
- C’est une chose odieuse, disait-il, de voir, un jour de pluie, un soldat avec son habit couvert d’une pâte blanchâtre et graisseuse, ses cheveux mal contenus dans le sale ruban qui les retient, le front et les joues ruisselants d’une eau laiteuse, et tout cela recouvert d’un mauvais feutre mal retapé qui ne préserve le soldat ni du vent, ni du soleil, ni de la pluie. Et c’est pour ce beau résultat que vous faites au soldat une retenue de dix sous par semaine, qui seraient bien mieux employés à la masse de linge et de chaussure. S’il avait les cheveux coupés, sa santé s’en trouverait mieux, parce que rien n’est plus facile à tenir propre que des cheveux coupés. La chose est donc avantageuse en entier pour lui.
Junot parla de son projet à ses officiers généraux. Tous l’adoptèrent avec transport. Depuis longtemps, à partir du sous-lieutenant jusqu’au général en chef, les officiers de l’armée entière avaient les cheveux coupés, et, pour le dire en passant, le général Lannes et le général Bessières étaient les seuls de tout ce qui entourait le premier consul, qui eussent gardé leur étrange coiffure. Aussitôt que Junot eut l’assentiment de ses officiers, il écrivit à l’empereur pour lui faire part de son projet et demander son autorisation. L’empereur, avec son coup d’œil rapide, aperçut tout le bien que le soldat pouvait retirer de l’exécution d’un pareil plan. Mais il ne voulut pas l’imposer. Junot reçut pour réponse l’ordre d’aller à Paris pour conférer directement avec l’empereur de cette affaire. Junot partit à l’instant. L’empereur lui dit que le projet était bon, qu’il désirait le voir exécuté, mais qu’il ne voulait pas que ses soldats fussent contraints à couper leurs cheveux. »
Cordialement
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